(AOF / Funds) - "Le rally haussier de ce début d'année, déclenché par le rattrapage des valeurs financières et une rotation sectorielle favorable aux cycliques, semble désormais rompu face à l'aléa géopolitique du Moyen-Orient. Après dix semaines consécutives de hausse, les marchés actions refluent significativement en raison de l'embrasement libyen (la Libye est le deuxième producteur de pétrole africain) et du risque de contagion aux pays du Golfe : le Cac 40 enregistre une baisse de 3,4%, le Dax de 3,8% et l'EuroStoxx50 de près de 4% depuis le 18 février", juge Fabrice Cousté, de CMC Markets France.
"Le catalyseur géopolitique de cette baisse significative à de grandes chances de perdurer. En corrélation, le cours du baril de pétrole s'envole et retrouve ses niveaux d'avant la faillite de Lehman Brothers."
"La région du Golfe fait figure de poudrière contagieuse, ce qui explique le geste du roi Abdallah en Arabie Saoudite, pour anticiper les tensions via l'annonce d'une série de mesures sociales. La flambée du Brent (coté à Londres), déjà sensible depuis six mois, s'est accentuée ces derniers jours avec une hausse de près de 11% en moins d'une semaine (depuis le 18 février). A 114 dollars, il est à son plus haut depuis septembre 2008. Dans le même temps, le WTI new-yorkais s'est lui apprécié de 18%."
"Du côté des devises, nous militons en faveur d'un arbitrage euro/dollar, fondé sur une double anticipation : d'une part la flambée de l'or noir est historiquement corrélée avec l'affaiblissement du dollar. Lors du pic de juillet 2008 sur le pétrole (à 147 dollars, le baril), l'euro s'échangeait contre 1,59 dollar."
"On peut s'attendre à ce que la monnaie américaine, actuellement à 0,72 euro, se déprécie davantage. Le dollar perd donc de plus en plus son statut de valeur refuge, au profit du franc suisse ou du yen japonais. D'autre part, la reprise potentielle de l'inflation sur les marchés matures, laisse présager une anticipation de la hausse des taux directeurs par la BCE à court terme (fin du second semestre). Cette hypothèse conforte les arbitrages des cambistes d'une devise à taux zéro vers une devise distribuant un taux d'intérêt."
"L'hypothèse d'un maintien d'un cours élevé du pétrole, la confirmation de la reprise de l'inflation et l'intervention de la BCE pour une hausse des taux aurait dans un premier temps, un impact négatif pour les marchés actions. Ces éléments sont actuellement en cours de pricing par les marchés. Une nouvelle baisse de 5 à 10% dans les prochains jours est plausible, sur le Cac 40 il faut surveiller de nouveau les seuils de début janvier à 3.980, voire 3.800 points."
"D'autant que la microéconomie n'est plus un soutien à la progression des indices. Il faut donc désormais patienter jusqu'aux publications d'entreprises du premier trimestre, pour que ce catalyseur haussier redevienne déterminant. En attendant, ce seront les aléas géopolitiques et la résurgence des débats macroéconomiques qui guideront principalement des marchés. Toutefois, plusieurs secteurs pourraient se démarquer en bourse et bénéficier du contexte : le green business, les énergies renouvelables et les compagnies d'exploration pétrolière (Vallourec par exemple)."