(AOF / Funds) - "Les marchés périphériques ont surperformé les marchés core européens en ce début d'année. Oubliant tous les maux qui ont conduit à la plus grande crise étatique depuis l'après-guerre en Europe, les marchés sont entrés dans une nouvelle dynamique. Les obligations périphériques se sont ainsi resserrées en moyenne de plus de 70 points par rapport à l'Allemagne (maturité 10 ans). Trois points expliquent ce retournement de tendance", détaille Dexia AM.
"En premier lieu, les inquiétudes de début d'année portant sur les émissions primaires se sont dissipées. Le succès de ces émissions primaires (Espagne) a démontré qu'en dépit d'une certaine fragilité, ces pays pouvaient se financer dans le marché à des taux raisonnables. C'est donc une partie de la prime d'illiquidité qui semblait exagérée. Le deuxième point concerne les acheteurs de dettes périphériques et l'apparition d'acheteurs asiatiques (japonais et chinois)."
"Cette diversification géographique via les émissions primaires est la marque d'une réelle confiance envers l'Europe. Ainsi, le succès de la première émission EFSF a démontré que lorsque l'Europe était unie, elle était plus forte. Le dernier point concerne les évolutions positives sur le plan politique. Le succès de l'EFSF auprès des marchés a renforcé la position des pro-Eurobonds. Peu à peu, l'idée d'une extension de l'EFSF et de son rôle (capacité d'achat) a fait son chemin. Rien n'est aujourd'hui acquis, mais les outils sont désormais connus pour résoudre la crise. Il ne reste plus qu'à s'accorder sur leur emploi."
"Dans ce contexte, la BCE a modifié le focus de son discours, mettant en avant les risques à court terme de tensions inflationnistes. Même si elle n'est pas encore prête à augmenter ses taux, elle veut préparer une nouvelle phase de normalisation pour le deuxième trimestre (normalisation de l'Eonia). Le suivi de l'inflation est devenu crucial. Avec un indice HICP à 2,4%, la BCE veut éviter tout dérapage inflationniste. Ce changement de focus est le signe aussi d'une normalisation sur les marchés périphériques, normalisation en cours qui ne doit pas occulter les problèmes structurels soulevés en 2010."
"Car la crise de la dette souveraine est-elle résolue pour autant ? S-rement pas. Malgré les déclarations du dernier sommet européen en date, les conditions définitives entourant le fonctionnement du mécanisme permanent de résolution de crises doivent encore être détaillées, notamment celles concernant l'implication des acteurs privés dans le partage des pertes. De plus, les problèmes de solvabilité, de pression politique en Irlande, de restructuration en Grèce et de dissonance politique en Europe restent bien présents."
"Il faut attendre un message clair de la part des autorités européennes en mars pour être s-r que la crise est derrière nous. En attendant, nous restons très défensifs sur les pays périphériques. Nous sous-pondérons l'Allemagne, anticipant le rebond des taux longs tout en participant aux nouvelles émissions EFSF. Car plus il y aura de solidarité, plus les obligations allemandes devraient souffrir."