L'agence de notation financière Standard & Poor's (S&P) a abaissé mercredi d'un cran la note d'endettement à long terme de l'Irlande, de "A" à "A-", et l'a maintenue en outre sous surveillance négative, en invoquant les incertitudes sur la recapitalisation des banques irlandaises.
La nouvelle note est la septième sur une échelle de 22, selon la classification de S&P. Elle correspond à un emprunteur solide mais susceptible d'être affecté par des changements de la situation économique.
S&P a ajouté dans un communiqué avoir également abaissé d'un cran la note d'endettement à court terme du pays, la ramenant de "A-1" à "A-2".
L'agence de notation a justifié sa décision par les fortes incertitudes qui continuent d'entourer selon elle les besoins de recapitalisation des banques irlandaises.
"Si le marché du travail venait à se dégrader encore plus, une augmentation des défauts de remboursements de crédits immobiliers pourrait conduire à des besoins en capitaux supplémentaires plus élevés que ce que nous anticipons pour le moment", a expliqué Frank Gill, analyste de l'agence.
Standard & Poor's a par ailleurs maintenu les notes souveraines du pays sous surveillance négative, c'est-à-dire qu'elle envisage de les abaisser encore dans les trois mois qui viennent. Elle précise cependant qu'elle devrait maintenir ces notes dans la catégorie "investissement" (qui correspond à une note à long terme minimale de "BBB-", soit trois crans en-dessous de "A-".
S&P avait déjà abaissé à plusieurs reprises les notes du pays l'an dernier, en raison de la crise bancaire que traverse l'ex-"Tigre celtique", et qui a entraîné une explosion de son déficit public à 32% du PIB l'an dernier.
Malgré ce nouvel abaissement, la nouvelle note accordée par S&P reste supérieure d'un cran à celles fixées par les agences rivales Moody's et Fitch, qui sont respectivement de "Baa1" et "BBB+".
L'Irlande, après avoir longtemps bénéficié de la note maximale "AAA" réservée aux emprunteurs les plus solides, avait perdu ce bénéfice en juillet 2009.
Sous la pression des marchés, le gouvernement irlandais avait conclu fin novembre un accord avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international pour un plan d'aide de 85 milliards d'euros visant en particulier à permettre la recapitalisation d'un secteur bancaire local en plein marasme.
Les notes attribuées par les agences évaluent la capacité des Etats et des entreprises à rembourser leurs dettes, et influence fortement le coût auquel ils peuvent emprunter sur les marchés.
L'euro, qui évoluait en hausse face au billet vert après cette annonce, est aussitôt reparti à la baisse sur le marché des changes, et valait 1,3799 dollar vers 12H15 GMT. Il se maintenait cependant autour du seuil de 1,38 dollar, soutenu des spéculations sur un resserrement monétaire en zone euro.