(AOF / Funds) - En guise de premier scenario, Joost van Leenders détaille : "une croissance modeste, mais positive. Toutes les récessions sont suivies de reprises ; en revanche celle-ci est de nature très différente. Les récessions profondes sont généralement suivies de reprises vigoureuses, tandis que les récessions peu sévères engendrent des reprises modestes. La récession de 2008-09 a été la plus grave depuis la Grande Dépression. En toute logique, la reprise aurait d- être soutenue".
"Cependant, un autre élément doit être considéré : les récessions s'accompagnant de crises financières sont suivies d'une croissance modérée. Les flux de crédit s'altèrent sur plusieurs années et les dettes doivent être remboursées. Il s'agit précisément de l'environnement dans lequel nous nous trouvons."
"Dans un contexte de croissance atone et d'une inflation peu élevée, la classe d'actifs qui s'illustre le plus est celle des obligations d'entreprises : la croissance est suffisante pour empêcher la détérioration des bilans mais pas assez pour entraîner une vague de fusions et acquisitions peu propice aux obligations d'entreprises. L'or a tendance à sous-performer dans ces conditions, dans la mesure où il n'est pas nécessaire de se protéger contre l'inflation ou contre le risque de défaut d'émetteurs publics ou privés."
"Scénario B : une croissance vigoureuse. En période de reprise, plusieurs phénomènes vertueux se renforcent mutuellement. Lorsque les consommateurs pensent que la récession touche à sa fin, ils puisent dans leur épargne pour satisfaire une demande jusque-là refoulée. Les entreprises reconstituent leurs stocks, remplacent machines et outils obsolètes, voir augmentent leurs capacités de production. Elles réembauchent des employés licenciés pendant la récession, ce qui soutient un peu plus la demande."
"Les sociétés et les banques disposent actuellement de trésoreries pléthoriques qui, utilisées pour prêter et investir, pourraient alimenter une reprise vigoureuse et durable. Après avoir considérablement baissé durant la récession, les échanges commerciaux continuent de se redresser et les pays émergents ont affiché une forte reprise en forme de V. Les capacités inutilisées demeurant très importantes, il n'y a donc aucune contrainte sur la croissance. Ainsi, la reprise modeste peut devenir un scénario de croissance soutenue, favorable aux actifs risqués."
"(...) dans ce cas, les actions devraient surperformer. Ce contexte devrait également favoriser les matières premières, d'autant que la hausse des capacités de production s'annonce limitée. Une forte croissance implique une croissance des anticipations d'inflation. Il s'agit là d'un élément positif pour l'or, vu comme une protection contre l'inflation, mais négatif pour les obligations en raison de la hausse des rendements. Sous l'effet de la contraction des spreads, les obligations d'entreprises devraient surperformer les emprunts d'Etat. Enfin, les obligations à haut rendement, dont le potentiel de réduction des spreads est plus élevé, devraient surperformer les obligations de catégorie investment grade."
"Scénario C : un double creux. Les récessions à double creux sont rares. Cependant, une rechute n'est pas inconcevable, la crise de la dette souveraine dans la zone euro pouvant parfaitement jouer le rôle de détonateur. Malgré leurs initiatives, les responsables politiques ont été incapables de calmer les marchés. Un défaut de la Grèce ou de l'Irlande pourrait être gérable, mais si l'Espagne devait à son tour être touchée, le système bancaire et les marchés financiers pourraient avoir de sérieuses difficultés. Si ce n'est le vertigineux déficit budgétaire des US, le marché de l'immobilier résidentiel pourrait être l'élément déclencheur : la situation s'est encore récemment dégradée et les problèmes juridiques entourant les saisies pourraient paralyser le marché. Une hausse du prix du pétrole peut également empêcher la reprise."
"L'or serait le grand bénéficiaire d'un tel scénario. Considéré comme une protection contre la déflation, il bénéficierait de la perception du manque d'alternative. Les emprunts d'Etat profiteraient de part leur statut de valeur refuge, mais au vu de l'ampleur continue des déficits et de l'endettement, nous pensons qu'ils sous-performeraient l'or. Les bénéfices des entreprises baisseraient et s'établiraient en-deçà des prévisions, malmenant les actions. Enfin, les obligations d'entreprises se comporteraient mieux que les actions, les porteurs obligataires disposant d'un droit sur la valeur notionnelle des obligations, mais l'augmentation des taux de défaut se traduirait par des performances négatives."