L'Irlande a enregistré mercredi une mauvaise nouvelle supplémentaire avec la dégradation de sa note par l'agence de notation Fitch, ce qui va augmenter encore la pression sur un gouvernement en quête d'économies pour combler un déficit sans équivalent.
Fitch a abaissé la note de dette à long terme de l'Irlande à A+, contre AA-, assortissant sa décision d'une "perspective négative".
"La dégradation de la note de l'Irlande reflète le coût exceptionnel, et plus élevé que prévu, de la recapitalisation des banques irlandaises, notamment l'Anglo Irish", a expliqué l'agence dans un communiqué.
"La perspective négative traduit les incertitudes concernant la vigueur de la reprise économique et le redressement budgétaire à moyen terme", ajoute le texte.
Fitch avait dégradé la note de l'Irlande à AA- en novembre, déjà inquiète à l'époque de "la hausse exceptionnelle de l'endettement public".
Sa nouvelle décision intervient au lendemain d'un avertissement d'une autre agence de notation, Moody's, qui a dit envisager elle aussi de dégrader la note du pays.
Elle a enfoncé le clou mercredi en envisageant une dégradation de la note attribuée aux dépôts bancaires et de la dette à long terme, garantis par le gouvernement, des principaux établissements financiers irlandais.
Moody's a cité les banques Allied Irish Banks (AIB), Anglo Irish, Bank of Ireland, EBS Building Society et Irish Life & Permanent (IL&P).
Le coût du sauvetage des banques irlandaises, dont la facture finale vient d'être révélée par le gouvernement, est désormais estimé à près de 50 milliards d'euros, dont 30 milliards pour la seule Anglo Irish.
Le déficit budgétaire va grimper en conséquence à 32% du Produit intérieur brut (PIB) en 2010, un déficit record qui inquiète l'ensemble de la zone euro.
Après l'annonce de Fitch, l'euro a d'ailleurs marqué le coup, interrompant sa progression de ces derniers jours face au dollar pour repasser sous le seuil de 1,38 dollar. Mais la monnaie unique a rapidement refait le terrain perdu, les investisseurs attendant avant tout désormais les décisions concrètes du gouvernement irlandais pour faire face au déficit.
Cette dégradation a aussi provoqué un regain de tension sur les taux de l'obligation d'Etat irlandaise à 10 ans, revenus au niveau de la semaine dernière sans battre pour autant de nouveau record.
La banque centrale irlandaise avait alimenté lundi les mauvaises nouvelles qui s'abattent sur le pays en abaissant nettement sa prévision de croissance pour 2010, qui ne serait que de 0,2%. Elle avait alors encouragé le gouvernement à accentuer encore les coupes budgétaires.
Le gouvernement, qui s'est donné pour mission de ramener coûte que coûte le déficit public sous barre des 3% en 2014, présentera le mois prochain sa stratégie pour y arriver.
Il présentera ensuite, en décembre, le budget 2011 qui devra intégrer des coupes drastiques. Ce sera le quatrième plan d'austérité adopté par Dublin en deux ans, alors que les autorités doivent aussi veiller à ne pas enrayer une reprise qui donne de sérieux signes de ralentissement .
En faisant ces annonces, le gouvernement cherchera avant tout à calmer durablement les inquiétudes des marchés sur la solvabilité à long terme du pays. Il cherche aussi à arrêter les spéculations sur un recours à l'aide de l'Union européenne ou du FMI, qui impliquerait une mise sous tutelle de facto de l'Irlande.