Credit Suisse a réduit son objectif de cours de 37,10 euros à 35,60 euros et réitéré son opinion Surperformance sur Lagardère. Le bureau d'études a réduit ses prévisions de résultat opérationnel (Ebit) de 15% pour 2010 et de 10% pour 2011. Elles sont désormais plus proches des objectifs de la société. Le broker anticipe une introduction en Bourse de la participation dans Canal + au cours des 6 à 9 prochains mois ou son rachat par Vivendi.
Selon lui, cette opération pourrait libérer 1,24 milliard d'euro de valeur, soit 21% de la valeur d'entreprise de Lagardère, dont une partie pourrait être distribuée aux actionnaires.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Le groupe bénéficie d'un portefeuille d'activités équilibré dans les médias, avec des activités cycliques (presse et audiovisuel), qui dépendent des revenus publicitaires, et des métiers contra-cycliques, tels que la distribution et les livres, qui résistent mieux en cas de retournement conjoncturel.
- C'est le résultat du recentrage initié en 1998 qui rapproche Lagardère d'un pure player des médias, avec quatre branches d'activités détenues à 100%, à comparer au conglomérat sans synergies entre les différents métiers exercés à l'époque.
- Le groupe a relevé ses objectifs de croissance pour 2010.
- Le groupe bénéficie d'une structure financière solide.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Le statut de commandite par actions de la société empêche toute tentative d'OPA qui pourrait offrir un potentiel de valorisation au cours du titre. Ce statut est remis en cause par l'homme d'affaires franco-américain Guy Wyser-Pratte, qui a récemment acquis 0,53% du capital de Lagardère à travers son fonds activiste.
- Plus généralement, le bras de fer entre Guy Wyser-Pratte et la direction, qu'il accuse de mauvaise gestion, rend la valeur volatile.
- La valeur subit encore une décote en Bourse du maintien de participations minoritaires dans plusieurs sociétés (Canal+, EADS, Marie Claire, Amaury, Le Monde...).
- La participation demeurant dans EADS brouille notamment l'image du groupe. La cession des minoritaires est en suspens, en raison des difficultés rencontrées par EADS sur l'A400M.
- L'activité défensive, Lagardère Publishing (Edition) pourrait, à moyen terme, subir une pression forte sur les prix, en raison du développement des livres électroniques.
- De façon structurelle, les magazines perdent des parts de marché face aux autres médias et subissent une chute de leurs recettes publicitaires.
- La branche Sports ne tient pas les promesses de croissance espérées depuis sa création, en 2007. Elle est réorganisée avec pour objectif d'en faire le leader mondial du sport d'ici cinq ans. Les retombées sont donc lointaines.
Comment suivre la valeur
- La valeur ne fait plus partie du CAC 40 à compter du 20 septembre 2010.
- Lagardère est une valeur défensive grâce à trois métiers (livres, distribution, droits sportifs). Moins de 20% de son chiffre d'affaires est issu de la publicité.
- L'activité Presse est non seulement sensible à la variation des revenus publicitaires mais aussi au cours du papier, qui constitue sa matière première de base.
- La poursuite du recentrage, avec la cession des participations minoritaires, est une priorité. Cela permettra de réduire la décote en Bourse. Mais ces cessions vont prendre du temps.
- Lagardère souhaite d'ailleurs introduire en Bourse de sa participation de 20% dans Canal+, valorisée 1,5 milliard d'euros dans les comptes du groupe, au plus tard en mars 2011. Lagardère ne peut introduire Canal+ en Bourse qu'entre le 15 mars et le 15 avril de chaque année, conformément au pacte d'actionnaires conclu avec Vivendi en 2007. La détermination de Lagardère est plutôt perçue comme une tactique pour relancer les négociations avec Vivendi.
- A suivre, le développement du livre numérique.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Tous les intervenants soulignent le manque de visibilité pour la fin de l'année 2010. Ils sont toutefois certains que le retour aux niveaux de revenus publicitaires de 2008, année précédant la crise, ne sera pas pour 2010. Il leur faudra attendre au moins deux à trois ans. D'après une étude de l'OCDE, portant sur la situation des médias dans le monde, le principal défi pour la presse est de parvenir à s'adapter à l'essor d'Internet. Selon l'organisation, les nouveaux médias engendrent des changements de consommation, particulièrement pour les jeunes lecteurs. Ces deux dernières années, 20 pays sur les 31 étudiés par l'OCDE ont ainsi subi un déclin de leur lectorat. Les Etats-Unis sont le plus durement touchés par cette érosion avec un nombre de lecteurs qui a chuté de 30% entre 2007 et 2009. Sur le plan économique, les recettes générées par Internet ne compenseraient pas encore les pertes liées à la crise. La part de la publicité sur Internet dans les revenus des journaux n'était que de 4% en 2009. Toutefois elle a fortement progressé : aux Etats-Unis, elle est ainsi passée de 2,6% en 2003 à 8,2% en 2008.