Le déficit commercial français s'est creusé au premier semestre, plombé par une plus lourde facture énergétique, mais les exportations sont reparties à la hausse, grâce notamment aux échanges avec les pays émergents, que la France voudrait encore accentuer.
Le déficit s'est dégradé sur la période, atteignant 24,5 milliards d'euros contre près de 23 milliards au premier semestre 2009 et 20,4 milliards au second.
Mais cette détérioration s'explique en grande partie par l?alourdissement de la facture énergétique qui a augmenté de 2,9 milliards par rapport à l?année dernière, sous l'effet conjugué de la hausse des prix du pétrole et de la dépréciation de l'euro face au dollar.
La bonne nouvelle vient du côté des exportations, qui après s'être effondrées de 17% en 2009, ont bondi de 10% par rapport au premier semestre 2009. En juin, elles ont été dopées par le rebond des ventes de l?industrie aéronautique et navale, alors que la disparition des primes à la casse a pesé sur les ventes de l'industrie automobile.
"Ces résultats témoignent de la capacité de rebond des exportations françaises dans la sortie de crise", s'est aussitôt félicité la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac.
Engagée fin 2009, la reprise des échanges s'est intensifiée au premier semestre 2010, même si la chute historique enregistrée l'an dernier, sur fond d?effondrement du commerce mondial, n'est que partiellement résorbée.
Et si la France destine encore environ 60% de ses produits à l'Europe, les exportations ont été particulièrement soutenues en direction des pays émergents, comme la Chine ou le Brésil.
Pour Anne-Marie Idrac, il faut poursuivre l'effort d'"accompagnement des entreprises exportatrices vers les pays à fort potentiel de croissance".
"Les relais de croissance ne se trouvent sans doute plus aux Etats-Unis, le salut de la performance à l'export passe par les pays émergents", confirme Pierre-Olivier Beffy, chef économiste d'Exane.
Mais dans ce contexte, "les signes de ralentissement de l?économie chinoise observés à partir de juillet, associés à une partielle réappréciation de l?euro vis-à-vis du dollar" pourraient conduire à une baisse des exportations hors d'Europe, prévient Alberto Balboni, économiste chez Xerfi.
La moins bonne tenue des importations reflète par ailleurs "l'atonie de la demande domestique et plus particulièrement de la consommation des ménages, affaiblie par la montée du chômage et l?accélération de l?inflation", souligne-t-il.
Reste que pour l'Insee, le commerce extérieur devrait contribuer cette année de façon positive à la croissance (à hauteur de 0,4 point de produit intérieur brut), ce qui n'est plus arrivé depuis 2001.
Anne-Marie Idrac s'est aussi réjouie vendredi de "l'augmentation du nombre d'exportateurs enregistrée sur les cinq premiers mois de l'année 2010". "Cette hausse de 4,3% par rapport à la même période en 2009 est la première enregistrée depuis 2002", a-t-elle relevé.
Mais pour Pierre-Olivier Beffy, "il ne faut pas crier victoire, malgré des chiffres encourageants à court terme".
Par rapport à son voisin allemand, qui affiche un insolent excédent commercial et profite à plein de la reprise économique mondiale, la France a encore un problème de "compétitivité" en raison de coûts plus élevés, souligne l'économiste.
Avec un pays comme la Chine par exemple, où les écarts de coûts sont encore plus élevés, la France doit ainsi proposer des produits de qualité ou à haute valeur ajoutée pour faire la différence, suggère-t-il.