Bank of America-Merrill Lynch a abaissé son objectif de cours sur Accor de 32 à 22 euros avec une opinion maintenue à Sous-performance suite à la scission des activités du groupe. Sans les activités d'Accor Services, le groupe devient beaucoup plus cyclique, avec des bénéfices et un cash flow plus volatiles, estime le broker. Il pense que ce facteur devrait se refléter par une baisse du cours par rapport à ses concurrents moins volatils.
BofA considère par ailleurs que la direction a effectué cette scission pour conserver sa notation Investment Grade plutôt qu'en raison des besoins stratégiques du groupe.
« Dans tous les cas, nous pensons que l'objectif d'une croissance de 35 000 à 40 000 nouvelles chambres dans l'activité hôtelière est ambitieuse étant donné le portefeuille de marques », écrit-il.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Accor est le leader européen de l'hôtellerie. Du luxe à l'économique en passant par le haut et milieu de gamme, Accor couvre tous les segments du marché.
- Accor est désormais un « pure player » de l'hôtellerie après la scission du groupe et la cotation de la branche services pré-payés (Edenred). Cette opération va permettre de mieux valoriser le groupe, désormais recentré sur des marques comme Sofitel, Novotel, Pullman, Mercure, Ibis ou Etap.
- Sa stratégie de gestion des actifs immobiliers, appelée « asset right », démarque le groupe de ses concurrents. D'ici 2015, 80% des hôtels du groupe ne seront plus détenus en pleine propriété, mais gérés en contrat de management ou en franchise : un vrai changement de modèle économique.
- Accor bénéficie d'une structure financière solide avec un ratio d'endettement net rapporté aux fonds propres de 50% à fin 2009.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est peu diversifié géographiquement et tire plus de 70% de ses revenus de l'Europe (France incluse).
- La dégradation des performances du groupe l'an passé reflète l'impact de la crise : c'est le haut et milieu de gamme où Accor réalise 58% de son chiffre d'affaires qui a été le plus touché, ainsi que la chaîne économique Motel 6 aux Etats-Unis.
- Le plan « Ariane 2015 » est jugé très ambitueux. Ce programme, qui prévoit la cession de 450 murs d'hôtels sur la période 2010-2013, doit rapporter 2 milliards d'euros et permettre le désendettement complet de l'hôtellerie. La question est de savoir si la conjoncture permettra de tenir ces engagements.
- Le « nouveau » groupe doit convaincre la communauté financière de sa capacité à créer de la valeur.
Comment suivre la valeur
- L'hôtellerie est une activité cyclique. Très présent en Europe, Accor est particulièrement sensible à la conjoncture européenne.
- Les indices sectoriels à suivre sont le taux d'occupation des hôtels et le RevPar, revenu par chambre disponible.
- Bien que déjà opéable, Accor l'est encore plus après la scission entre l'hôtellerie et les activités de services prépayés. Le groupe peut intéresser un concurrent qui souhaiterait se renforcer en Europe sur le milieu de gamme et sur l'hôtellerie économique, où Accor est leader avec des marques comme Ibis et Formule 1.
- Le plan « Ariane 2015 » vise à faire d'Accor le troisième groupe mondial dans l'hôtellerie.
- La cession de 60% de Wagons Lits et la mise en bourse éventuelle de Lucien Barrière permettrait d'atteindre l'objectif d'un endettement zéro en 2011/2012.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
Pour le moment, l'activité du tourisme mondial est portée par les marchés émergents, comme le Brésil, l'Inde, la Chine, la Corée ou la Malaisie. L'OMT estime que la crise économique en Europe menace la reprise du secteur, déjà très fragile. Le secteur a subi un recul de son activité de 4% l'an passé. La situation économique en Europe est d'autant plus importante que ce continent constitue le premier marché touristique mondial. L'OMT s'inquiète notamment du chômage élevé et de déficits ainsi que d'un endettement élevé en Europe. Cette organisation se veut donc « prudemment optimiste » pour l'avenir. L'OMT continue à tabler sur une croissance de 3% à 4% du tourisme en 2010 et sur un flux de 1,6 milliard de touristes internationaux dans le monde en 2020. Le secteur touristique européen a déjà subi des pertes de 1,72 milliard d'euros provoquées par l'éruption du volcan Eyjafj&*#8221;ll en Islande. Uniquement en France, la paralysie du transport aérien a coûté environ 500 millions d'euros à l'industrie touristique, selon le cabinet Protourisme.