
Les Bourses européennes et Wall Street ont brusquement plongé mardi dans le sillage des marchés asiatiques, sous le coup d'une série de mauvaises nouvelles qui a ravivé les inquiétudes sur la vigueur de la croissance économique mondiale.
Doutes sur la solidité de la reprise économique en Chine, mauvais indicateurs macroéconomiques au Japon, interrogations sur la solvabilité des banques européennes, chute de la confiance des ménages aux Etats-Unis: une conjonction de facteurs expliquait la défiance des investisseurs.
"Dans un environnement très fragile, il n'en fallait pas plus pour que le marché dévisse", a commenté à l'AFP Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities, avant d'ajouter que les craintes sur les dettes souveraines reprenaient le dessus.
La place de Madrid, plombée par les valeurs bancaires, a chuté de 5,45% à la clôture. La Bourse de Paris a cédé 4,01%, Londres 3,10%, Francfort 3,33% et Milan 4,44%. A Wall Street, le Dow Jones a perdu 2,65% et le Nasdaq 3,85%.
Les Bourses asiatiques avaient donné le ton dans la matinée: la Bourse de Shanghai a clôturé en baisse de 4,27%, Hong Kong de 2,31% et Tokyo de 1,27%.
L'institut de conjoncture privé Conference Board a mis en émoi les marchés en révisant à la baisse son indice composite sur les perspectives de croissance de la Chine pour le mois d'avril, ramené à 0,3%, contre une première estimation de 1,7%.
Cette révision a coïncidé avec l'annonce au Japon d'un fléchissement de la production industrielle et de la consommation des ménages, ainsi que d'une hausse du chômage en mai, tandis qu'aux Etats-Unis la confiance des ménages a chuté en juin.

Autre facteur d'incertitude, les banques de la zone euro doivent rembourser jeudi un prêt exceptionnel de 442 milliards d'euros accordé il y a un an par la Banque centrale européenne.
Les marchés attendent désormais de voir si ce remboursement massif ne va pas provoquer un assèchement brutal des liquidités en zone euro, se demandant si "cela ne va pas provoquer un blocage au niveau des paiements ou des échanges interbancaires", a expliqué à l'AFP Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.
Maigre réconfort pour Wall Street, le président Barack Obama a assuré que l'"économie se renforçait", même si une "grande inquiétude" subsiste, lors d'une rencontre avec le président de la Banque centrale américaine Ben Bernanke.
Le directeur du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a de son côté exclu le risque d'une rechute de l'économie mondiale, malgré les craintes exacerbées sur la vigueur de la reprise.
"La reprise va continuer et il n'y aura pas de récession à double creux", a déclaré M. Strauss-Kahn lors d'un forum à Washington.
Dans ce contexte morose, les investisseurs se sont tournés vers les actifs considérés plus sûrs, comme les obligations allemandes ou américaines. Ainsi, le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue à l'inverse des prix, a chuté à son plus bas niveau depuis avril 2009, sous les 3%, et celui du bon à 30 ans au plus bas depuis octobre.
Fort affecté par les inquiétudes sur la Chine, considéré comme le moteur de la future demande en énergie, le marché pétrolier a également chuté. Le baril a perdu 2,31 dollars à New York, repassant sous les 76 dollars.
L'euro a lui creusé ses pertes face au dollar. Vers 20H45 GMT, il cotait 1,2186 dollar, après être tombé à 1,2152 dollar vers 14H20 GMT, son plus bas niveau depuis le 14 juin.