Les ventes de détails ont fortement baissé en mai aux Etats-Unis, mais elles restent sur leur tendance de hausse engagée en septembre, alors que la reprise s'étend peu à peu.
Les ventes de détaillants et de la restauration ont baissé pour la première fois depuis septembre, de 1,2% par rapport à avril, a indiqué vendredi le département du Commerce, prenant par surprise les analystes, qui tablaient sur une hausse de 0,2%.
La baisse a cependant été tirée par les secteurs les plus sujets à de fortes variations d'un mois sur l'autre: les pompes à essence (dont les ventes ont reculé dans le sillage d'une chute des prix du carburant), les automobiles, et les matériaux de construction.
Plusieurs analystes font remarquer que sans ces trois secteurs, l'indice du ministère a augmenté de 0,1%. Il reste d'ailleurs en forte hausse (+6,9%) par rapport à son niveau de mai 2009, époque où les Etats-Unis subissaient les derniers spasmes de la récession.
"Les ventes de détail devraient continuer de progresser tout au long de cette année et de 2011", estime Alistair Bentley, économiste du groupe de services financiers TD Bank.
Plusieurs analystes estiment que les chiffres du ministère sont conformes à une hausse de la consommation de l'ordre de 3,0% en glissement annuel pour le deuxième trimestre, d'autant que l'indice de confiance des consommateurs publié vendredi par l'université du Michigan est remonté à son plus haut niveau depuis janvier 2008.
Les dépenses des ménages étant le moteur de l'économie, cela devrait contribuer à soutenir la croissance.
Néanmoins, les chiffres du ministère pourraient bien annoncer un ralentissement à venir de la consommation, conformément au scénario envisagé par la banque centrale (Fed).
"Les consommateurs ne seront pas le moteur principal" de la reprise, estime Scott Hoyt, de Moody's Economy.com, rappelant les entraves à la dépense que représentent les niveaux élevés de l'endettement des ménages et du chômage.
Rappelant que "toute reprise connaît des à-coups", un des dirigeants de la Fed, Charles Plosser, a estimé vendredi que celle en cours depuis l'été aux Etats-Unis était "en train de commencer à s'étendre".
Cette expansion est géographique, selon le Livre beige, le rapport de conjoncture de la Fed publié mercredi, qui a noté une amélioration de l'activité dans toutes les régions du pays, contrairement à ses éditions précédentes.
Les divers indicateurs publiés ces mois-ci témoignent également du fait que la croissance des Etats-Unis, tout en restant relativement modeste, se renforce en reposant davantage sur des éléments durables, comme l'investissement, la production des entreprises ou la consommation des ménages.
L'indice des stocks publié vendredi par le département du Commerce montre que les entreprises manufacturières continuent d'augmenter leur production pour répondre à la hausse de la demande aux Etats-Unis et dans le monde, et qu'elles disposent d'une bonne marge de progression.
Le président de la Fed, Ben Bernanke a quasiment exclu mercredi le risque de rechute de l'activité, estimant que l'économie du pays commençait à s'affranchir du soutien des autorités.
La suite se jouera sur l'emploi, en hausse depuis le mois de janvier. En l'absence de progression forte des salaires, seule une accélération des embauches permettra de donner aux ménages les compléments de ressources nécessaires pour soutenir la demande.