La croissance de l'économie britannique fin 2009, qui a sonné la fin de la récession au Royaume-Uni, a été révisée en hausse plus fortement que prévu vendredi, une bonne nouvelle pour le gouvernement à l'approche des élections, mais qui n'efface pas le danger d'une rechute.
Selon la deuxième estimation publiée vendredi par l'Office des statistiques nationales (ONS), le Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a progressé de 0,3% au quatrième trimestre par rapport au précédent, nettement plus vigoureusement que l'estimation initiale annoncée fin janvier par l'institut, qui était de 0,1% seulement.
C'est mieux que ce qu'attendaient les économistes, qui tablaient sur une révision à 0,2% du taux de croissance, d'après une note de Crédit Agricole CIB.
Cette révision est due à des évolutions meilleures que prévu de l'activité dans le secteur des services (+0,5% au lieu de +0,1%), qui représente environ les trois quarts du PIB britannique, et dans l'industrie (+0,4% au lieu de +0,1%), a expliqué l'ONS.
Par ailleurs, la contraction du PIB par rapport à un an plus tôt a été légèrement aggravée par l'ONS, à 3,3% au lieu de 3,2% initialement, quand les économistes tablaient au contraire sur une légère amélioration à 3,1%.
L'ONS a également modifié ses estimations du PIB pour les trimestres précédents.
Du coup, la contraction totale de l'économie britannique, pendant sa phase de récession qui a duré six trimestres en tout (du printemps 2008 à l'automne 2009), qui était déjà la plus sévère subie par le pays depuis la grande dépression des années 1930, a été portée à 6,2%, pire que les 6% avancés précédemment par l'ONS.
Les économistes ont salué la révision de la croissance du quatrième trimestre, qui démontre que le Royaume-Uni est sorti de la récession avec plus de vigueur que ne l'avait laissé entendre l'ONS le mois dernier.
L'estimation initiale de l'institut, fin janvier, avait d'ailleurs surpris par sa faiblesse les experts de la City, qui tablaient à l'époque sur un taux de 0,4%.
Cependant, ils ont souligné que cette révision à la hausse ne faisait pas disparaître les risques d'un nouvel accès de faiblesse de l'économie britannique, qui reste selon eux encore convalescente et pourrait même connaître une rechute de son PIB au premier trimestre 2010, du fait des chutes de neige qui ont perturbé de nombreux secteurs.
Cette révision "est une nouvelle bienvenue, mais on ne peut toujours pas dire que l'économie est sortie triomphalement de la récession", a ainsi estimé Howard Archer, du cabinet IHS Global Insight.
Selon lui, "il est toujours trop tôt pour dire que l'économie est sortie de l'auberge" et "l'impact des intempéries au début de l'année sur une économie qui reste très fragile crée un réel danger d'une rechute du PIB" sur le trimestre en cours.
Il prévoit donc une reprise lente et saccadée, avec une croissance de seulement 0,9% en 2010, puis 1,7% l'an prochain.
Or une rechute du PIB ferait très mauvais effet pour le gouvernement travailliste de Gordon Brown juste avant des élections législatives prévues début juin au plus tard, mais généralement attendues le 6 mai. Ce risque pourrait même inciter le Premier ministre à convoquer des élections avant la publication des chiffres de la croissance du premier trimestre, prévue fin avril, selon certains analystes.
Le ministre des Finances Alistair Darling a d'ailleurs jugé sur la chaîne d'informations Sky News que les chiffres annoncés vendredi étaient "bienvenus", mais que "nous ne sommes pas encore tirés d'affaire". Et il a répété qu'il fallait maintenir les mesures de relance, tant que la croissance ne serait pas solidement enracinée.