Après le bonus-malus et la prime à la casse, les gouvernements des pays industrialisés, la France en premier plan, misent désormais gros sur le développement des véhicules électriques. Objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre, principaux responsables du réchauffement climatique. Alors que la France a alloué un milliard d’euros au développement des véhicules décarbonés et qu’elle participe économiquement au phénomène en aidant les constructeurs automobiles, le nouveau rapport de l’ONG Transports et Environnement ne joue pas en sa faveur.
Si cette dernière reconnait tout de même que les voitures électriques constituent l’une des meilleures armes pour réduire les émissions de CO2, elle émet quelques réserves. Le temps joue contre la locomotion électrique. « Selon les estimations, les voitures électriques devraient représenter 25 % des ventes de véhicules neufs vers 2050 », explique le rapport. En ajoutant que leur développement sera limité jusqu’en 2030. Autre bémol : la consommation électrique. Selon un rapport réalisé par Eurelectric, l’association des producteurs d’électricité de l’UE, « un remplacement complet du parc automobile par des véhicules électriques entraînerait une augmentation de 15 % de la consommation dans l’UE ». Problème de taille quand on sait que lors des pics hivernaux, la France rouvre ses centrales au charbon et au gaz ou importe de l’électricité.
Des décennies de développement
Troisième obstacle au développement des véhicules électriques, selon Transports et Environnement : le coût et la capacité des batteries. Les voitures hybrides qui sillonnent actuellement NOS routes affichent d’ores et déjà des prix à l’achat nettement supérieurs aux voitures traditionnelles. Piètre moyen pour faire jouer la concurrence ! le gouvernement français a tout de même prévu d’octroyer une prime de 5 000 euros à tout acheteur d’une voiture électrique. « Il sera possible de réduire les coûts mais pas à moyen terme et pas suffisamment pour que les voitures électriques puissent entrer vraiment en concurrence avec les voitures traditionnelles avant vingt ans », estime l’ONG.
Le développement des véhicules décarbonés est une nécessité, le rapport ne le conteste pas. Ce qu’en revanche, les membres de l’organisation trouvent dommageable, c’est toute la publicité faite autour de ces nouveaux modèles pour allécher le public. Quand bien même la plupart des modèles présentés au dernier Salon de Francfort ne sont, pour le moment, que de purs concepts. « Les visiteurs du salon automobile de Francfort ont eu le sentiment que l’avenir sera électrique. Chaque constructeur a en effet présenté un projet virtuel de voiture électrique et c’est devenu le sujet dont on parle », déplorent-ils. Selon eux, au contraire de ce qu’annoncent les constructeurs, il va falloir patienter plusieurs décennies avant que les voitures électriques ne foulent le bitume !