« Depuis Barcelone, on entend un discours qui minimise l’importance du rendez-vous de Copenhague », s’inquiète Maxime Combes, représentant de la coalition Urgence climatique et justice sociale (UCJS www.climatjustice.org). Le sommet prévu du 7 au 18 décembre devait être l’aboutissement d’un processus de négociation entamé à Bali il y a trois ans. Il ne sera probablement qu’une étape vers un accord d’ici la fin 2010. L’absence d’engagement chiffré des Etats-Unis bloque toute avancée concrète. L’Union européenne ne parvient pas à se mettre d’accord sur le mode de financement des efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) et a perdu son rôle moteur dans les négociations. Les pays émergents (Chine et Inde en tête) attendent un geste des pays riches.
Copenhague ne devrait déboucher que sur une déclaration politique sans chiffrage global, mais avec une liste des efforts de réduction d’émission des GES par pays qui risque fort de se situer en deça des chiffres du GIEC (de 20 à 40 % de réduction d’ici 2020).
Retard des Etat... et des ONG
Mais les Etats ne sont pas les seuls à avoir pris du retard. La société civile, regroupée dans différentes coalitions internationales peine à mobiliser à grande échelle l’opinion publique. L’Ultimatum climatique, en France, regroupe les grandes ONG de défense de l’environnement (Greenpeace, WWF, Amis de la Terre...) et des ONG de développement comme Oxfam Agir Ici. Son mode d’action se concentre sur l’interpellation du grand public via des actions médiatiques. Mais la pétition, lancé voici huit mois n’a recueilli, à un mois de l’échéance, que 300 000 signatures. Elle visait la barre symbolique du million. « Sur le terrain, les actions locales se multiplient, exlique Cyrielle den Hartig, chargé de mission Climat aux Amis de la Terre. Mais c’est vrai que le climat est un sujet complexe sur lequel il est très difficile de mobiliser largement ». De son côté UCJS, branche française de la coalition internationale Climate justice now ! vise à créer un mouvement social de fond en reliant questions environnementales et équité entre les individus. Cette coalition a ceci d’inédit qu’elle regroupe une trentaine d’organisations, environnementales mais aussi des syndicats comme la Fédération des syndicats unitaires (FSU), Attac, des militants de la consommation responsable ou encore des organisations de solidarité internationale.
Malgré plus de 150 débats et une vingtaine de groupes locaux créés en deux mois, le message d’urgence ne passe que partiellement dans la population. « Le rapprochement entre ONG environnementales et mouvements sociaux date de trois ou quatre ans, ce sont des processus qui prennent du temps », explique Maxime Combes.
Actions communes
Le spectre d’un échec des négociations de Copenhague pousse les représentants de la société civile à « changer de ton », estime Cyrielle den Hartig, dont l’ONG, les Amis de la Terre participe aux deux coalitions.
Greenpeace a publié, dès la fin du cycle de Barcelone, sur son site internet (www.greenpeace.fr/copenhague/leader-ou-loser) un classement des chefs d’Etat afin de pointer les responsabilités de chacun. Le 5 décembre, UCJS et l’Ultimatum climatique se regrouperont pour un dernier événement de taille à Paris. L’Ultimatum climatique rééditera la flashmob du 21 septembre sur le modèle du « Monsieur Sarkozy réveillez-vous » et sera rejoint par la Caravane Climatique, organisée par Climate Justice Now ! Partie de Genève où se déroule, du 29 novembre au 2 décembre, un sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), cette délégation d’organisations et de représentants des pays du Sud souhaite arriver à Copenhague pour l’ouverture du sommet. « Nous avons des débats entre nous, mais nous avons conscience que l’autre coalition est importante et complémentaire dans ce qui se joue aujourd’hui », estime Maximes Combes. D’autres mouvements rejoindront cette manifestation comme l’association Vélorution et le Collectif des Droits nouveaux qui organise depuis le début du mois de novembre les Marches régionales contre le chômage et la précarité.
Ce rapprochement des composantes de la société civile, poussé par la crainte d’un échec des négociations ne débouchera pas vers une fusion des coalitions. Mais selon Maxime Combes : « Les organisations écologistes ont posé la question des limites de la planète. Cela interpelle tout le monde aujourd’hui. Pour les mouvements sociaux, plus rien ne sera comme avant Copenhague. »