« La récession mondiale nous donne une fenêtre de tir étroite mais sans précédent pour concentrer les investissements sur les technologies faiblement émettrices de CO2 », explique l’AIE dans son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales. Craignant un attentisme tragique des dirigeants du monde, l’Agence propose un scénario catastrophe. Scénario qui traduit une réalité plausible si aucun changement profond n’est apporté.
Ce scénario dantesque engendrerait une hausse des températures de 6°C, quand on sait qu’au-delà de 2°C supplémentaires, les dégâts seraient irréversibles. Mais continuons de nous pencher sur les attributs de ce monde impitoyable. Une fois la reprise économique engagée, la demande mondiale d’énergie repartira en flèche pour atteindre une hausse de 40 % d’ici 2030. Les énergies fossiles domineront encore et toujours la consommation mondiale. Le pétrole devrait ainsi augmenter en moyenne de 1 % par an, « une grave menace pour l’économie mondiale » pour atteindre un prix de 100 dollars le baril en 2020. Les importations de gaz et de pétrole subiraient elles aussi une hausse considérable et « représenteraient un fardeau financier pour les pays dépendants énergétiquement ».
Investir dans les énergies renouvelables
Mais loin de l’AIE une quelconque volonté de se poser en moralisatrice, elle édicte plutôt des conseils, des investissements à effectuer pour entamer « la révolution énergétique ». Ce scénario, ou plutôt cette vision éclairée de l’avenir, prévoit de porter les efforts sur le développement des énergies propres. De 32 % en 2007, elles participeront alors à la production mondiale d’électricité à hauteur de 60 % en 2030. L’Agence plaide donc ici pour l’éolien, le solaire, le nucléaire, les biocarburants et le captage-stockage du CO2.
Mais sans argent, point de salut ! L’AIE estime donc à 10 500 milliards de dollars le surcoût engendré par la « révolution énergétique ». Les sommes se répartiraient ainsi : 4 700 milliards pour les transports permettraient d’aboutir à « un changement spectaculaire », 2 500 milliards dans la construction et 1 700 milliards dans l’électricité. Des sommes colossales qui seront compensées par la réduction de la fracture énergétique. « Le temps est venu de faire les choix difficiles mais nécessaires pour combattre le changement climatique, chaque année qui passe réduit la fenêtre de tir », avertit l’Agence qui semble avoir déjà trouvé son coupable. « La plus grande responsabilité repose sur les Etats-Unis »…