A un mois du sommet de Copenhague, Greenpeace épingle les chefs d’État sur une cible. L’ONG publie aujourd’hui un classement de onze chefs d’État (six pays industrialisés, cinq pays en développement) du meilleur élève au bonnet d’âne. Critères retenus ? L’ambition de leur engagement sur le terrain de la réduction des gaz à effet de serre, de la déforestation ou de l’aide aux pays pauvres. Plus leurs objectifs collent aux recommandations des scientifiques, plus les leaders remportent de points. Et écopent, en fin de tableau, d’un score.
Un score que Greenpeace s’est amusé à transformer en jeu de fléchettes. Et c’est Gordon Brown qui s’approche le plus près du cœur. Avec 4,5 points sur 10, le leader britannique n’est certes pas un excellent élève. Mais il est quand même le seul à avoir donné une enveloppe - certes petite - pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique. Et le locataire de Downing Street a aussi adopté des mesures contraignantes pour développer les énergies renouvelables. Au plus loin de la cible, planté dans le bois du mur, on aperçoit Obama. Avec 0,8 point sur 10, le nouveau leader charismatique de l’Amérique n’a pas de quoi fanfaronner. "Digne héritier de George W.Bush, Barack Obama tente d’affaiblir les dispositions contraignantes du protocole de Kyoto" , estime même Greenpeace. Certes, il a bien initié un plan de relance et débloqué des milliards en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Mais il ne prévoit "aucun objectif ambitieux de réduction des émissions" , regrette l’ONG.
Sarkozy entre deux eaux
A mi-chemin de la cible, oscillant entre le noir des inondations massives et le rouge des canicules mortelles, on trouve Nicolas Sarkozy. Avec 3,7 points sur 10, il arrive troisième sur la scène européenne. Le "champion des beaux discours" (dixit Greenpeace) n’a pas avancé de chiffre pour l’aide des pays en développement, se contente de réclamer une réduction de la déforestation de 50% ou évite de trop investir dans le renouvelable en misant sur le nucléaire.
Pour trouver les bons scores, il faut plutôt se tourner vers les pays en développement. Et notamment les plus vulnérables. La palme du classement de Greenpeace est attribuée au premier ministre du Tuvalu, petite nation du bout du monde menacée d’extinction sous les eaux pacifiques. Mais c’est surtout les scores des leaders chinois et indien qui surprendront ceux qui suivent de loin les négociations sur le climat. Souvent critiqués pour leur mauvaise volonté dans la lutte contre le réchauffement, ceux-là affichent de fiers 5,9 et 5,3% sur 10. Car si la Chine mise toujours sur le charbon, elle investit massivement et depuis déjà quelques années dans les énergies renouvelables. Comme l’Inde, elle s’est aussi engagée à réduire fortement ses émissions avec le soutien des pays industrialisés. A quelques semaines du sommet de Copenhague, les mauvais joueurs ne sont pas forcément là où on le croit.