Si la finance solidaire est un secteur de plus en plus connu par les Français, elle reste malgré tout l’apanage des catégories les plus aisées. Son taux de notoriété atteint en effet 61% chez les cadres supérieurs et 48% parmi les revenus les plus élevés et les personnes diplômées. En résumé, selon l’enquête IPSOS pour le « baromètre des finances solidaires », réalisé chaque année par Finansol : « l’épargne solidaire reste essentiellement connue des catégories supérieures, habitant en région parisienne et disposant de revenus confortables ».
Cette forme d'épargne, qui permet de financer des activités du secteur social telles que l'emploi et l'insertion ou le logement, a donc besoin de mobiliser et de convaincre. C’est le sens donné aux événements qui se déroulent pendant la Semaine de la finance solidaire, axés sur la pédagogie et la présentation d’exemples concrets de bénéficiaires – microentreprises, coopératives, réinsertion par l’emploi et le logement, commerce équitable, etc-. Autant d’acteurs qui ne pourraient pas se réinsérer, se reloger ou développer une activité sans ces sources de financements alternatives. D’autant qu’avec la crise, les crédits - même très modestes- octroyés par les réseaux bancaires traditionnels, sont inaccessibles. Or aujourd’hui, l’encours des produits d’épargne solidaire s’élève à 1, 634 milliard d’euros. La collecte des fonds solidaires proposés par des établissements financiers comme la Caisse des Dépôts, la Macif, le Crédit Coopératif ou Natixis, a permis d’investir 379 millions d’euros dans des entreprises agissant dans le domaine social, le logement (41% des fonds), l’emploi (30%), ou l’ENVIRONNEMENT (19%). Multipliée par deux en 3 ans, l’offre de produits compte aujourd’hui une centaine de fonds d’épargne solidaire, labellisés par Finansol.
Nouvel essor
Par ailleurs, à partir du 1er janvier 2010*, toute entreprise qui mettra en place plan d’épargne entreprise (PEE) pour ses salariés aura l’obligation de proposer au moins un Fonds Commun de Placement d’Entreprise Solidaire (FCPES) ; les salariés pouvant choisir ou non d’y souscrire. Ces FCPES investissent 5 à 10% de leurs capitaux dans des entreprises solidaires, le reste étant placé de manière "classique", précise Finansol.
« Cette législation va changer le marché de l’épargne solidaire, puisque le basculement de l’épargne classique vers l’épargne solidaire est obligatoire. Les actifs vont être multipliés par trois », assure Emmanuel Gauthier, gérant du FCPR Natexis Solidaire. De fait, jusqu’ici, seuls 53 fonds d’épargne salariale solidaires ont été mis en place dans les entreprises, avec des encours qui s’élevaient à 550 millions d’euros en juillet 2009. Parmi elles, Carrefour représente le tiers de l’encours total.
*Loi de modernisation de l'économie du 4 août 2008