Avec 30 milliards d’euros fin 2008, soit 8 fois plus qu’il y a 5 ans, le marché de l’investissement socialement responsable (ISR) est en pleine expansion. Pourtant, l’ISR reste encore un univers parfois flou, dans lequel chaque offreur peut donner sa propre définition. En lançant son label, qui sera attribué et décerné tous les ans, Novethic entend ainsi améliorer la transparence du secteur grâce à un référentiel incitant les offreurs de fonds à mieux expliquer leur processus de sélection et de gestion ISR. Pour cela, les fonds sont jugés sur quatre critères : la prise en compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), la transparence sur le processus ISR, un reporting extra-financier avec des éléments ESG et la publication de la composition totale du portefeuille. Pour ceux qui vont plus loin, deux mentions - « indicateurs ESG » et « engagement » - peuvent également être attribuées.
Un marché en demande de repères
« L’ISR est un monde relativement jeune, qui a besoin de se construire et d’avoir des repères », estime ainsi Bénédicte Bazi, gérante du fonds CCR Actions engagement durable qui vient d’obtenir le label. « C’est vrai qu’il y existe beaucoup de marketing, ce qui rend parfois difficile la distinction entre les fonds sérieux et les autres…Dans l’institutionnel par exemple, certains fonds présentés comme ISR n’en ont pas toutes les caractéristiques; certains n’ont même pas d’équipes dédiées ! La labellisation permettra donc une clarification de l’offre », souligne Patricia Kaveh, Directeur du Développement France/Monaco/Genève d’Henderson Global Investors, une société de gestion britannique qui vient d’obtenir le label avec mention « indicateurs ESG » pour son fonds « Horizon industries of the future ». Une vision partagée par les différents acteurs labellisés, qui estiment que le label permettra de « donner un cadre général à la profession », comme le souligne le directeur du développement de Macif Gestion, Eric Van La Beck.
Déjà, le processus de labellisation a porté ses fruits grâce aux échanges qui ont eu lieu entre l’équipe de Novethic et les offreurs de fonds. En effet, pour obtenir le label, les sociétés candidates ont dû améliorer la qualité de leur communication. Par exemple, si les 92 fonds labellisés publient désormais l’intégralité de la composition de leur portefeuille ISR, ils n’étaient que 12 à fin 2008. Ainsi, pour Henderson Global Investors, le processus de labellisation a permis de remettre à niveau la communication de la filiale avec celle de la maison mère : « Nous nous sommes rendus compte que nous étions très transparents en Angleterre, et nous avons même gagné des récompenses pour cela mais, pour des raisons techniques nous l’étions beaucoup moins en France. Nous porter candidat nous a donc permis d’améliorer nos pratiques de transparence », explique Patricia Kaveh.
Développer le marché des particuliers
L’autre grande ambition du label est d’offrir un repère pour les épargnants particuliers et d’en accroître la part de marché, passée d’un tiers à un quart entre 2007 et 2008 (épargne salariale comprise). Car si déjà les investisseurs institutionnels ont du mal à faire le tri dans les offres proposées, les particuliers sont encore davantage déstabilisés par les produits proposés... « Aujourd’hui, plus de la moitié de nos fonds (1,3 milliards d’euros) sont ISR mais nous avons encore des problèmes pour les distribuer auprès des particuliers. Leur mécanisme est plus difficile à comprendre, explique Eric Van La Beck. Par exemple, certains vont faire l’amalgame entre des fonds verts, qui investissent dans l’énergie verte et des fonds ISR qui prennent en compte des critères environnementaux mais aussi sociaux et de gouvernance (ESG), or ce n’est pas la même chose ! »
Pour rendre plus « palpable » son engagement environnemental au grand public, Macif gestion a aussi décidé de publier le bilan carbone des entreprises de son portefeuille « Macif croissance durable Europe », ce qui lui a permis de décrocher la mention « indicateurs ESG » du label. De son côté, CCR Asset management qui a lancé, fin juin, son premier fonds ISR dont 40% des clients sont des particuliers, a préféré insister sur les critères de gouvernance, rendus « absolument indispensables depuis la crise que l’on traverse », estime Eric Bleines, directeur général délégué de CCR Actions.
Sur les 121 candidatures reçues, 92 (60 fonds d’actions, 22 obligataires, 5 monétaires et 5 diversifiés) ont ainsi obtenu le label. Quatre ont été récompensés avec la mention « indicateurs ESG » qui distingue les sociétés ayant des indicateurs environnementaux ou sociaux spécifiques, mis en avant dans leur communication. Aucun n’a en revanche reçu la mention « engagement », correspondant à une pratique d’engagement active sur les triples enjeux ESG dans leur globalité, menée avec une politique et des objectifs définis au préalable.