Terra eco : Que peut on attendre d’un sommet comme le G20 ?
David Vogel : "Le but affiché par les participants est d’arriver à ce que les membres du G20 coordonnent leurs efforts et qu’ils tirent les leçons de la crise. il s’agit donc de resserrer les boulons afin de limiter les abus même si ce genre de rencontre internationale s’achève en général sur des grandes déclarations de principes plutôt que par l’adoption de règles strictes. Cependant, on note un désir de coordination de la politique des membres du G20 car il existe un consensus autour de la nécessité de brider le système financier mondial. La question centrale est celle de l’attribution des bonus et autres primes financières. Il est essentiel d’accorder les bonus en fonction de la performance à long terme alors que la recherche du profit était jusqu’à présent basée sur le court terme. Il s’agit également d’adopter des règles strictes contre les fonds spéculatifs comme les hedge funds."
Certains font valoir que Wall Street a vite oublié les leçons de la crise et que le capitalisme made in America est redevenu sauvage. Réguler Wall Street est-il possible ?
"Imposer des règles à Wall Street est possible mais difficile. Car une fois que des règles strictes seront imposées, Wall Street redoublera d’imagination pour créer de nouveaux outils financiers qui lui permettront de contourner les nouvelles lois. Wall Street peut faire preuve d’énormément de créativité en la matière et c’est ce qui s’est passé ces dernières années. Réguler le système financier est donc une opération tout aussi difficile que nécessaire."
Michael Moore fait le procès du capitalisme dans son dernier film. Croyez-vous en l’idée d’un capitalisme moral ?
"Le capitalisme moral n’existe pas plus que le capitalisme vertueux. Le capitalisme est un mélange de vices et de vertus. Reste que malgré toutes ses imperfections, le capitalisme reste un système éthique et responsable qui crée plus de richesses et de libertés que tout autre système au monde. Malheureusement, il est aussi associé à de nombreux abus. Le système ne sera donc jamais parfait, voilà pourquoi il est d’autant plus essentiel de poser des garde-fous."
David Vogel est l’auteur de “The Market for Virtue”, un essai sur l’importance et les limites de la notion de responsabilité sociale de l’entreprise.