Fortis a confirmé son opinion Réduire et son objectif de cours de 110 euros sur Eramet. Le groupe minier français publiera ses résultats semestriels le 30 juillet avant-Bourse. Le broker s'attend à un chiffre d'affaires du deuxième trimestre de 520 millions d'euros, en repli de 57% sur un an et de 22% sur un trimestre en raison de la faiblesse des prix du manganèse et des volumes réduits dans le nickel. Le broker anticipe un Rebit de -350 millions d'euros et perte nette de 153 millions d'euros.
L'analyste rappelle qu'Eramet avait déclaré fin avril à l'occasion de la publication de son chiffre d'affaires du premier trimestre, qu'il prévoyait une perte opérationnelle "très significativement" négative au premier semestre.
Selon Fortis, il existe des signes qui montrent que le marché du manganèse a touché son point le plus bas avec le retour de la demande chinoise, jusque là très basse. Mais, le rebond du deuxième semestre cela ne suffira pas à compenser le déficit du premier semestre.
Le broker a abaissé ses prévisions de résultats pour intégrer la faiblesse des prix du manganèse en 2009, des coûts plus élevés qu'attendu dans le nickel et le net ralentissement des commandes d'alliages. Le broker anticipe désormais un bénéfice par action de -5,9 euros (contre 0,1 euro) pour 2009 et 5,6 euros pour 2010 (contre 7,7 euros).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Exploitant des mines de nickel depuis plus d'un siècle en Nouvelle-Calédonie, Eramet est un groupe minier et métallurgique intégré, qui produit des métaux non ferreux et leurs dérivés chimiques, des aciers spéciaux à hautes performances, alliages de nickel et superalliages, et des pièces à hautes caractéristiques pour l'industrie. Ses produits : métaux de haute pureté, ferroalliages, pièces forgées et matricées, billettes et barres, tôles, fils, dérivés chimiques... sont utilisés dans l'industrie aéronautique et spatiale, la sidérurgie, les aciers inoxydables, la production d'énergie, l'outillage, la chimie, les transports, le médical...
Les points forts de la valeur
- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel.
- Grâce à la forte hausse du prix des matières premières, Eramet a engrangé d'importantes liquidités.
- Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire.
- Les trois activités de groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats.
Comment suivre la valeur
- A suivre particulièrement l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse.
- On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel.
- La structure du capital et le pacte d'actionnaires entre la famille Duval (37,2 %) et Areva (26,2 %), encourage les rumeurs spéculatives sur le marché. Areva ne cache pas son intérêt pour le dernier groupe minier français. La famille Duval, quant à elle, veut lui céder sa part pour racheter Aubert & Duval, l'entreprise familiale qu'elle avait apporté à Eramet en 1999.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
En quelques semaines, le mouvement de concentration du secteur, interrompu avec la crise financière et le plongeon du cours des métaux, a été relancé. Sur les cinq grands groupes mondiaux, quatre d'entre eux sont concernés par cette tendance. Rio Tinto a engagé un partenariat dans le minerai de fer avec BHP tandis que Xstrata a lancé une offre sur Anglo American, néanmoins opposé à cette opération. L'avantage de ces rapprochements est de permettre aux intervenants d'offrir une plus large gamme de métaux, de mieux se prémunir contre la grande volatilité des cours, et de bénéficier de mines déjà existantes au lieu d'en explorer de nouvelles. Néanmoins la consolidation du secteur inquiète les groupes chinois qui craignent de voir leur marge de négociation réduite face à des monopoles. Les entreprises chinoises disposent d'un montant important de liquidités et cherchent à mettre la main sur les minerais nécessaires à leur industrie. Elles pourraient donc être pleinement engagées dans la consolidation du secteur. Si le holding chinois Chinalco a d- abandonner son alliance stratégique avec Rio Tinto, il souhaite continuer à investir dans les mines à l'étranger.