L'enthousiasme est retombé cette semaine à la Bourse de Paris, qui a pris le temps de souffler après deux mois de hausse, les investisseurs hésitant encore à parier sur une amélioration de la situation économique.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a perdu 4,33%, pour terminer à 3.169,05 points vendredi.
L'indice vedette met ainsi un terme à une spectaculaire hausse de neuf semaines consécutives et retombe dans le rouge en 2009. Depuis le 1er janvier, il a cédé 1,52 %.
"C'est plutôt sain de souffler", estime Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC, rappelant que le CAC 40 a bondi de 30% entre le 9 mars et le 8 mai.
Les investisseurs ont choisi de prendre de leurs bénéfices, une décision motivée notamment par les débats qui ont suivi les résultats des tests de résistance des banques américaines.
Le Wall Street Journal et le Financial Times ont révélé notamment que les banques ont négocié avec les autorités pour leur faire abaisser les montants de capital supplémentaire jugés nécessaires pour affronter la crise.
Plusieurs indicateurs économiques sont aussi venus rappeler au marché que la sortie de crise était encore loin.
En avril, les ventes de détail américaines ont certes ralenti leur baisse, mais ont surpris les analystes, qui tablaient sur un chiffre stable.
Côté valeur, cette pause du marché s'est traduite, par ce que les analystes appellent "une rotation sectorielle": autrement dit, les investisseurs se sont séparés des valeurs cycliques (automobile, construction, etc), moteurs de la hausse récente, pour se tourner vers les défensives (pharmacie, télécom), moins soumises aux aléas du marché.
Sur la semaine et à titre d'exemple, ArcelorMittal a perdu 9,28% et Lafarge 7,41% tandis que Danone a pris 0,73% et France Télécom 1,13%.
Les valeurs financières ont quant à elles soufflé le chaud et le froid, les résultats de Natixis et Société Générale décevant le marché, contrairement à ceux de BNP Paribas et Crédit Agricole.
"Globalement, cela a pesé dans un climat qui ne demandait qu'à trouver les arguments pour baisser", juge M. Mourier.
Pourtant le mouvement de hausse du marché paraît "solide, au moins à un HORIZON de 3 ou 6 mois, car il repose sur des bases qui dépassent le rebond technique", estiment les économistes de Natixis.
Ces derniers s'appuient sur deux facteurs majeurs, à savoir la fin des ventes forcées de titres de la part des fonds spéculatifs et le sentiment que l'économie a atteint un point bas au premier trimestre.
Plus nuancé, Jean-Paul Pierret, directeur de la stratégie de Dexia Securities, estime que le marché sort "d'une sorte de reprise économique technique après le quasi effondrement de novembre-février" et voit pour l'heure le CAC 40 évoluer dans un tunnel 2700 - 3300 points.
Dans ce contexte, alors que s'achève la saison des résultats d'entreprises pour le premier trimestre, les investisseurs se concentreront sur les indicateurs, miroir de l'évolution de la récession.
"Ce que le marché a joué ces deux derniers mois, c'est que le scénario du pire devenait moins probable", estime M. Mourier, qui prévient toutefois que la sortie de récession est encore loin.
La semaine prochaine seront annoncés aux Etats-Unis les demandes hebdomadaires d'allocations chômage, les permis de construire et les mises en chantier de logements, l'indicateur composite de l'activité économique et l'activité industrielle dans la région de Philadelphie.