Credit Suisse a dégradé son opinion sur le groupe minier français Eramet de Neutre à Sous-performance avec un objectif de cours de 125 euros, contre 160 euros auparavant. Le broker a réduit de 63% ses estimations de bénéfice par action (BPA) 2009 pour refléter les récents résultats du groupe et la dégradation des conditions des marchés de l'ensemble des divisions de la société. La faiblesse actuelle de la demande d'acier, la pression sur le destockage, et l'ampleur des stocks ne favorisent pas un mouvement de rachats de manganèse et de nickel, au contraire, a estimé la banque suisse.
Selon le bureau d'études, la division manganèse, principal contributeur aux résultats d'Eramet, devrait voir son Ebitda reculer de 63% en glissement annuel à 425 millions d'euros, affecté par la faiblesse des prix et des volumes.
Credit Suisse rappelle qu'Eramet a annoncé une baisse de 60% de la production de minerai et de 65% pour les alliages au premier trimestre 2009 afin de s'adapter à l'effondrement de la demande mondiale observé à partir d'octobre 2008. L'analyste anticipe pour 2009 une nouvelle perte opérationnelle de la division nickel et la poursuite de la contraction de la marge de la division alliages.
L'estimation du BPA 2009 de la banque suisse de 4 euros ressort 53% au-dessous du consensus.
Concernant le manganèse, le broker s'attend à ce que le marché souffre de surplus en 2009. Selon les économistes de Credit Suisse (prévisions datées du 18 mars), la demande globale d'acier pourrait décliner de 14,7% cette année.
Enfin, le bureau d'études a souligné que le titre se traitait avec un ratio P/E (cours de l'action/revenu par action) de 39 (contre une moyenne de 13 pour les grands groupes diversifiés). Il préfère donc les acteurs liés plus directement au cycle des matières premières comme Xstrata ou Anglo-American.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Exploitant des mines de nickel depuis plus d'un siècle en Nouvelle-Calédonie, Eramet est un groupe minier et métallurgique intégré, qui produit des métaux non ferreux et leurs dérivés chimiques, des aciers spéciaux à hautes performances, alliages de nickel et superalliages, et des pièces à hautes caractéristiques pour l'industrie. Ses produits : métaux de haute pureté, ferroalliages, pièces forgées et matricées, billettes et barres, tôles, fils, dérivés chimiques... sont utilisés dans l'industrie aéronautique et spatiale, la sidérurgie, les aciers inoxydables, la production d'énergie, l'outillage, la chimie, les transports, le médical...
Les points forts de la valeur
- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel.
- Grâce à la forte hausse du prix des matières premières, Eramet a engrangé d'importantes liquidités.
- Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire.
- Les trois activités de groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats.
Comment suivre la valeur
- A suivre particulièrement l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse.
- On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel.
- La structure du capital et le pacte d'actionnaires entre la famille Duval (37,2 %) et Areva (26,2 %), encourage les rumeurs spéculatives sur le marché. Areva ne cache pas son intérêt pour le dernier groupe minier français. La famille Duval, quant à elle, veut lui céder sa part pour racheter Aubert & Duval, l'entreprise familiale qu'elle avait apporté à Eramet en 1999.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Face à la chute des cours, les producteurs réduisent leurs capacités. De nombreux métaux sont concernés. Le brésilien Vale a annoncé la fermeture de sites de nickel. Cette décision intervient après la fermeture, jusqu'à nouvel ordre, de la raffinerie de nickel de Xstrata en République dominicaine. Les producteurs d'acier sont engagés dans le même mouvement, qu'il s'agisse du leader russe de l'acier Severstal, ou de son concurrent ArcelorMittal. Côté aluminium, Rio Tinto Alcan a fait également part de sa décision de procéder à des réductions de production limitées. Le chinois Chalco, leader mondial de l'alumine, matière première de l'aluminium, a fermé 10% de ses capacités. Le leader mondial du cuivre, le chilien Codelco, a annoncé que sa production en 2009 pourrait décroître. Néanmoins le risque pesant sur le secteur est que le recul des investissements menés actuellement provoque par la suite une accélération très forte de la hausse des cours.