Oddo a réduit son objectif de cours sur Alstom de 70 à 56 euros, en maintenant sa recommandation Achat. Si le broker reconnaît qu'une forte baisse des commandes est à prévoir, il estime que les multiples actuels intègrent déjà le scénario du pire, soit un recul de 36 à 75% du résultat Power Systems en 2010/2011. "Nous anticipons une forte chute des commandes au 1er semestre 2009/2010, avec un recul de 39% au niveau groupe et même de 49% au niveau des équipements en Power (Power Systems)", indique Oddo.
En revanche, le secteur du transport ferroviaire devrait être relativement plus résistant selon l'analyste, "bénéficiant notamment des plans de relance en cours". Il précise que son objectif de cours se base uniquement sur les fondamentaux d'Alstom et n'intègre pas de prime liée à un éventuel scénario Bouygues/Alstom/Areva.
Par ailleurs, le bureau d'études ajoute que les perspectives à moyen terme sont intactes. En effet, selon l'IEA (International Energy Agency), la demande mondiale en nergie devrait croître de 45% d'ici à 2030, impliquant une croissance annuelle moyenne de 1,6%. Autre avantage pour Alstom: la base installée est vieillissante. D'ici à 2020, près de 50% du parc thermique devra en effet être remplacé en Europe.
A cela s'ajoute le besoin croissant d'infrastructures dans les pays en développement et l'importance pour de nombreux pays développés de tenter de limiter leur dépendance à la Russie ou au Moyen-Orient.
M-L.H.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Alstom est l'un des leaders mondiaux dans les infrastructures d'énergie et de transport ferroviaire. Le groupe comprend deux branches d'activité : Alstom Power développe et commercialise une gamme de systèmes, d'équipements et de services pour la production d'électricité et les marchés industriels, tandis qu'Alstom Transport est présent sur le marché du transport ferroviaire, de la très grande vitesse jusqu'au transport urbain léger.
Après avoir frôlé le dépôt de bilan en 2003, le groupe avait cédé son activité transmission et distribution d'énergie à Areva et ses turbines industrielles à Siemens. Fin avril 2006, Bouygues a repris les 21,03% du capital d'Alstom détenus par l'Etat. Il s'est renforcé depuis et possède désormais 30% du capital.
Alstom est présent dans plus de 70 pays et emploie 76 000 collaborateurs.
Les points forts de la valeur
- Alstom occupe des positions de leader dans les équipements de génération d'énergie et dans le transport ferroviaire, ces deux branches étant devenues le coeur des activités du groupe. Il possède encore un fort potentiel de croissance dans le domaine des services.
- Un tiers des ventes du groupe est réalisé sur les marchés émergents, en forte croissance.
- La demande en énergie devrait rester soutenue dans les prochaines années, ce qui devrait permettre de procéder à des hausses de prix.
- La valeur présente un attrait spéculatif. Les marchés s'interrogent sur une fusion potentielle à trois: Areva-Bouygues-Alstom.
Les points faibles de la valeur
-Alstom va devoir adapter son modèle dans le cadre de l'ouverture du rail à la concurrence, aujourd'hui dans le transport de marchandises et demain dans le transport de voyageurs.
- Le groupe se trouve aujourd'hui au coeur d'enquêtes judiciaires en Suisse et en France sur des faits de corruption présumée.
-Selon certains analystes, le potentiel de hausse du titre est limité à court terme.
Comment suivre la valeur
- Les activités d'Alstom sont directement liées à l'expansion démographique, qui implique une urbanisation croissante nécessitant toujours plus d'infrastructures de production d'énergie et de transport ferroviaire.
- Carnets de commandes et rythme des entrées de commandes sont de bons indicateurs de perspectives.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Les industriels interrogés par l'Insee annoncent une baisse de 3% à 4% de leurs investissements en 2009. Le secteur des biens d'équipement souffrira donc certainement l'année prochaine. Pour le moment, les pme de la mécanique attendent avec impatience l'application de la loi sur les délais de paiement, dès le mois de janvier 2009, qui leur permettra de conforter leur trésorerie. Selon la Loi de modernisation de l'économie, elles pourront être payées par leurs clients dans un délai de 60 jours - délai qui reste d'ailleurs au-delà du délai de référence de 30 jours fixé par la directive européenne. Considérant que la longueur excessive des délais de paiement est la première cause de défaillances d'entreprises en France, la Fédération des industries mécaniques, composée essentiellement de PMI, soutient sans restriction cette loi.