La Bourse de New York, revenue au plus bas depuis plus d'une décennie, va aborder la semaine prochaine en pleine déprime, résignée à voir ses banques seulement maintenues à flot par l'Etat et l'économie plonger toujours plus profond.
"On va voir un marché soumis à une pression très lourde, poussé vers de nouveaux plus bas", prévient Lindsey Piegza, de FTN Financial.
Après avoir fini la semaine précédente au plus bas depuis plus de six ans, le Dow Jones a effectué un nouveau bond en arrière. Sur la semaine écoulée, marquée par une forte volatilité, l'indice phare de Wall Street a accusé un repli de 4,1% à 7.062,93 points, son plus bas niveau de clôture depuis mai 1997.
L'indice élargi Standard & Poor's, très suivi des opérateurs, a chuté de 4,4% à 735,09 points, au plus bas depuis fin 1996. Maigre consolation, le Nasdaq, à dominante technologique, est resté au dessus de son plancher du 20 novembre dernier, même s'il a cédé 4,5% à 1.377,84 points.
Cette semaine conclut un très mauvais mois de février, pendant lequel le Dow Jones a abandonné 11,7%, le S&P 500 11,0% et le Nasdaq 6,7%.
Au vu de la purge qui frappe les marchés financiers, le New York Stock Exchange a renoncé à exclure de la cote jusqu'à la fin juin les valeurs valant moins d'un dollar.
"On n'avait plus vu tant d'actions si peu chères depuis le début des années 1980, quand l'économie a connu une récession à la hauteur de l'actuelle", relève Frederic Dickson, responsable de la stratégie de DA Davidson.
Après avoir commencé la semaine sur une chute de 3,4% du Dow Jones, la place new-yorkaise a dû encaisser une nouvelle salve de mauvaises nouvelles. En point d'orgue vendredi, la contraction de l'activité des Etats-Unis au 4e trimestre a été revue en forte baisse à 6,2%, et les pouvoir publics ont dû de nouveau secourir le géant bancaire Citigroup, avec pour résultat une montée au capital de l'Etat pouvant atteindre 36%.
Cette dernière nouvelle "est très inquiétante pour le secteur financier, qui se rapproche à grands pas d'un contrôle public total", estime Lindsey Piegza. "On n'a plus une croissance nourrie par le secteur privé, mais par l'Etat qui étend son contrôle sur l'économie", ajoute-t-elle, expliquant le malaise des investisseurs.
"La bonne nouvelle, c'est que le gouvernement ne prévoit pas de nationalisation" à 100%, tempère Marc Pado, de Cantor Fitzgerald. Mais "pour faire avancer le marché, il faut que les valeurs financières se stabilisent, et pour cela, il faut savoir ce que valent les actifs dans leurs comptes."
Les détails fournis par le Trésor de son plan d'aide au système financier ont plutôt ajouté à la confusion qui entoure le secteur, embourbé dans la crise, que précisé les mesures déjà annoncées, selon les analystes. Le marché s'inquiète surtout du prix auquel seront rachetés les actifs toxiques hérités de la bulle immobilière, comme promis il y a plusieurs semaines.
Toujours soumise aux inquiétudes qui entourent les banques, Wall Street devra aussi encaisser de nouvelles statistiques économiques, qui s'annoncent particulièrement moroses, et attend avec nervosité les chiffres mensuels de l'emploi américain, très suivis, vendredi. Ils devraient être épouvantables, selon les économistes.
Le marché obligataire, qui ne se porte pas mieux, s'est replié. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, est monté à 3,041%, contre 2,772% vendredi dernier et celui à 30 ans à 3,722%, contre 3,565% une semaine plus tôt.