
Signe de la gravité de la situation économique, le nouveau président américain Barack Obama n'a pas connu d'état de grâce à Wall Street, qui a lourdement chuté mardi en raison de la dégringolade des valeurs bancaires: le Dow Jones a lâché 4,01% et le Nasdaq 5,78%.
Le Dow Jones Industrial Average a perdu 332,13 points à 7.949,09 points. L'indice vedette n'avait plus clôturé sous les 8.000 points depuis le 20 novembre. Il était même remonté au delà des 9.000 points début janvier.
L'indice Nasdaq, à dominante technologique, a abandonné 88,47 points, à 1.440,86 points et l'indice Standard & Poor's 500, plus représentatif de par sa composition élargie, 5,28% (soit 44,90 points), à 805,22 points.
Le volume d'échanges a été étoffé, alors même que le pays et le monde entier étaient focalisés sur l'entrée en fonction du nouveau président américain. Mais la hausse attendue par nombre d'opérateurs pour l'occasion n'a pas eu lieu.
"On a eu un peu d'enthousiasme lié à Obama fin décembre et au début de l'année", a rappelé Art Hogan, de Jefferies.
Mais le marché a cédé le jour même de son investiture face à la déferlante des sociétés qui publient des informations négatives et à l'ampleur des problèmes auxquels l'économie doit faire face, selon l'analyste.
"Il y avait trop d'attente autour d'un simple discours", a estimé de son côté Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
Pour Peter Cardillo, d'Avalon Partners, "les problèmes sont les mêmes que sous l'ancienne administration".
L'effet Obama tant espéré a été balayé par la chute des valeurs bancaires, dans le sillage de la dégringolade de la banque britannique RBS qui avait perdu 70% lundi à la bourse de Londres. Fermée la veille pour cause de jour férié, Wall Street a dû encaisser un choc amplifié mardi.
Les trois banques de l'indice Dow Jones ont vécu un calvaire. Bank of America, dont la note à été dégradée par l'agence de notation Moody's après ses premières pertes trimestrielles en 17 ans, a montré le chemin, chutant de 28,97%, pour tomber à 5,10 dollars.
Sa concurrente Citigroup, qui vient d'aligner son cinquième trimestre déficitaire d'affilée, est tombée sous le seuil des trois dollars, à 2,80 dollars (-20,00%). Le titre a enfoncé son plus bas niveau atteint au plus fort de la crise de l'automne. JPMorgan Chase a dévissé de 20,73% à 18,09 dollars.
Bank of America et Citigroup valent désormais bien moins que le 45 milliards de dollars que le gouvernement fédéral y a injecté et l'une des premières décisions de la nouvelle administration Obama sera de trancher sur le sort de ces deux géants. Nationalisation ou pas ? s'interrogent les opérateurs.
Le marché a sanctionné l'ensemble du secteur, dont Wells Fargo (-23,82%), Bank of New York Mellon (-17,25%), Goldman Sachs (-18,96%) et Morgan Stanley (-15,97%). La bostonienne State Street, pourtant spécialiste du métier peu risqué de la conservation de titres, s'est effondrée de 59,04% à 14,89 dollars après la publication de ses résultats trimestriels.
Aucune des trente valeurs du Dow Jones n'a échappé à la baisse, pas même le groupe pharmaceutique Johnson and Johnson, qui a cédé 1,20% après des résultats pourtant meilleurs qu'attendu.
Le secteur des télécommunications est celui qui a le mieux résisté, car considéré comme un refuge défensif. L'opérateur Verizon n'a perdu que 0,30%.
En revanche, les technologiques ont été attaquées, à l'orée d'une semaine où les grands noms du secteur vont publier leurs résultats. Le géant des logiciels Microsoft a reculé de 6,24%, tandis que Apple a perdu 5,02%.
Le marché obligataire a également baissé. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans est remonté à 2,345%, contre 2,304% vendredi soir, et celui à 30 ans à 2,947% contre 2,894%.