La Bourse de Paris a traversé en 2008 l'une des pires années de son histoire, subissant les ravages conjugués de la crise économique et de la panique financière, et peine à imaginer une embellie en 2009.
L'indice CAC 40 affichait vendredi un recul de 42,76% depuis le 1er janvier, soit la plus mauvaise performance de ses vingt ans d'existence. Il dépasse ainsi les -33,75% de l'année 2002, marquée par les séquelles du 11 septembre et une rafale de scandales comptables.
Comme les autres places mondiales, Paris a traversé "quatre cycles de baisse", en janvier, juin-juillet, septembre-octobre et novembre, à mesure que se concrétisaient les pires scénarios, résume Christian Parisot, stratégiste chez Aurel.
En effet, rappelle-t-il, la crise des crédits "subprime" ne s'est cantonnée ni Etats-Unis, ni aux valeurs financières: elle a dégénéré en crise économique mondiale, contaminant la quasi totalité des secteurs et pénalisant "jusqu'aux pays émergents".
Renault (-81,71%) et Peugeot (-75,56%) ont d'ailleurs surpassé les banques au palmarès des plus fortes baisses du CAC 40, signe des craintes pour l'industrie, de même que le sidérurgiste ArcelorMittal (-66,54%), le cimentier Lafarge (-63,55%) et l'équipementier Alcatel-Lucent (-66,95%).
Aucune valeur vedette n'a échappé à la purge, même si France Télécom (-21,26%), Vivendi (-29,97%) et Sanofi-Aventis (-29,74%) ont été moins sanctionnés en raison de leur faible sensibilité à la conjoncture. Le nouveau géant GDF Suez, fusionné en juillet, a lui aussi limité les dégâts (-26,30%).
La tempête boursière s'est accompagnée de variations brutales d'une séance à l'autre, le CAC 40 enchaînant les records à la baisse (-9,04% le 6 octobre) comme à la hausse (+11,18% le 13 octobre), au point de balayer en quelques semaines ses références historiques.
"La peur gouverne les marchés", estime Franck Dixmier, analyste chez Allianz Global Investors, pour qui ces mouvements de yo-yo traduisent "un grand désarroi des investisseurs face au climat d'incertitude", faute de connaître la profondeur et la durée de la crise.
Christian Rabeau, d'Axa Investment Managers, y voit également l'effet de "ventes forcées" de titres par des fonds d'investissement contraints de se désendetter : spectaculaire à partir de la chute de la banque américaine Lehman Brothers, le 15 septembre, ce phénomène a largement amplifié la panique.
Il constitue de surcroît l'une des grandes inconnues pour 2009. Tout le monde prévoit une année à risque pour certains grands investisseurs, dont les banques et les fonds spéculatifs, mais personne ne sait quels types d'actifs ils devront céder s'ils sont acculés à la faillite, ni pour quels montants.
Sur le plan économique, le principal enjeu sera "la bataille entre les mauvaises nouvelles --en termes de resserrement du crédit, de défauts de paiement et de chute des bénéfices-- et l'efficacité des réponses politiques", juge Andrew Milligan, de Standard Life Investments.
Tant qu'on ne saura pas si les pouvoirs publics parviennent à relancer l'activité, le marché pourra au mieux espérer des "rebonds techniques", c'est-à-dire des sursauts sans lendemain caractéristiques des périodes de morosité boursière, prédit Christian Rabeau. De quoi donner un peu plus le vertige aux quelque 6 millions de petits porteurs qui ont vu fondre en quelques mois leur épargne.
Les spécialistes rivalisent donc d'appels à la "prudence", conseillant de s'en tenir aux secteurs les moins exposés aux retournements de conjoncture, comme la santé, les télécommunications et l'agroalimentaire, en évitant les banques et l'industrie.