Les marchés actions européens ont encore connu une séance catastrophique. Les mauvaises nouvelles se sont accumulées : statistiques économiques indiquant une détérioration rapide de la conjoncture européenne, valeurs bancaires à la dérive. Société Générale a ainsi perdu 13,84%. Sanofi-Synthelabo, l'un des poids lourds du CAC, a été victime de rumeurs de ventes d'actions de la part de L'Oréal. Le CAC 40 a clôturé en baisse de 3,33% à 2881,26 points, sur ses niveaux de mai 2003. Il recule de 49% depuis le 1er janvier. Le FTSE Eurofirst 80 a cédé 2,55% à 2747,57 points.
En Europe, l'action de la major espagnole Respol a gagné 2,28% 13,91 euros, alors que le groupe pétrolier russe Loukoîl s'apprête à devenir son premier actionnaire. La rumeur, qui circulait depuis quelques jours, a été confirmée ce matin par La Caixa. La caisse d'épargne a déclaré être en négociation avec Loukoîl pour lui céder sa part de près de 14% dans Repsol. La Caixa exige que le groupe russe rachète en même temps la part de 20,01% détenue par le premier actionnaire, le groupe de BTP Sacyr. L'opération soulève des réactions contrastées. Certains redoutent l'emprise du pouvoir russe, d'autres soulignent le caractère privé de Loukoîl.
Vallourec a perdu 5,67% à 67,25 euros, affecté par l'avis négatif d'un broker. Selon une source de marché, Cheuvreux a retiré le titre du fabricant de tubes sans soudure de sa sélection de valeurs françaises préférées. Le bureau d'études conseille désormais de se séparer du titre. Pire, en adossant à l'action un objectif de cours de 70 euros, contre 110 euros auparavant, le bureau d'études ne lui reconnaît plus aucun potentiel de hausse. Les craintes d'une récession mondiale durable combinée à la chute des prix du pétrole l'emportent aujourd'hui sur l'optimisme du groupe.
En revanche, Natixis (+2,24% à 1,37 euro) est resté bien orienté à la différence des autres valeurs bancaires. Selon les informations de «La Tribune», la filiale des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires s'apprêterait à céder sa participation de 50% dans le groupe bancaire Caceis, spécialisé dans les activités de dépositaire-conservation. Le Crédit Agricole, qui possède l'autre moitié du capital, tiendrait la corde dans ce dossier, où Natixis serait conseillé par la banque d'affaires Rothschild. Cette cession ferait suite à la vente de son activité Assurance, pour laquelle la CNP serait donnée favorite.
Les chiffres macroéconomiques
Les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés ont diminué de 0,4% en France en octobre, après avoir progressé de 0,5% en septembre, chiffre révisé de +0,6%, a annoncé l'Insee. Les économistes interrogés par Reuters visaient en moyenne un recul de 0,5%.
La dégradation de l'activité a continué de s'amplifier dans les secteurs des services et de l'industrie en novembre par rapport à octobre dans la zone euro, selon l'estimation rapide des indices directeurs d'achat (PMI) de Markit publiée par Reuters. Le PMI dans les services s'est ainsi replié de 2,5 points à 43,3, à comparer avec un consensus Reuters de 45. Dans l'industrie, il a perdu 4,9 points à 36,2. Il s'agit de leurs plus bas niveaux depuis la création de l'enquête en 1998.
A la clôture, l'euro cote 1,2538 face au dollar.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Consommation des ménages : elle mesure les dépenses en biens et services. Aux Etats-Unis, la consommation représente 70% du PIB ; son évolution est donc déterminante pour la croissance. Elle est publiée dans un rapport qui dévoile également le revenu des ménages et l'indice des prix PCE «core», c'est-à-dire hors les éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation. Cet indicateur est la mesure d'inflation préférée de la Fed.
PIB (Produit Intérieur Brut) : Valeur de tous les biens et services produits à l'intérieur des limites géographiques d'un pays ou d'un territoire au cours d'une période donnée.
Croissance (économique) : Augmentation durable de l'activité économique d'un pays, que l'on constate notamment par l'évolution des prix, de la production, des revenus.
Cette croissance est évaluée à partir de l'indicateur du produit intérieur brut (PIB = valeur de tous les biens et services produits à l'intérieur des limites géographiques d'un pays) ou à partir du produit national brut (PNB), qui tient compte des flux de revenus des facteurs économiques entre un pays et le reste du monde.
Directeurs d'achat (indice des) : cette statistique reflète la confiance des directeurs d'achat. Elle est disponible pour le secteur manufacturier et pour celui des services. Un indice supérieur à 50 signale une expansion de l'activité dans un secteur et un indice inférieur, une contraction. Plus cet indicateur s'éloigne des 50 et plus le rythme d'expansion ou de contraction de l'activité est important.
L'indice composite qui regroupe l'indicateur pour le secteur manufacturier et celui des services est très utile pour prévoir les évolutions du PIB à court terme. Il est considéré comme l'un des indicateurs économiques les plus pertinents.
L'indice manufacturier comprend principalement les composantes production, commande et emploi. La statistique pour les services comprend notamment l'activité en cours, les anticipations d'activité, les prix des intrants et l'emploi.