
La Bourse de New York a été durement rappelée à la réalité mercredi par une moisson de résultats trimestriels et des prévisions pour les mois à venir qui accentuent les interrogations du marché sur l'ampleur et la durée de la crise économique traversée par les Etats-Unis.
"Les informations sur les résultats ces deux derniers jours sont plus pessimistes que celles reçues des entreprises qui les ont publiés au début du mois", a constaté Frederic Dickson de D.A. Davidson.
"Les investisseurs reconsidèrent leurs estimations sur la gravité et la durée de la récession, reconnaissant que la crise du crédit a abouti non plus à un ralentissement économique fâcheux mais à quelque chose de bien plus sérieux", a ajouté ce directeur de la stratégie de marché.
Conséquence de ce regain d'inquiétude, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, a perdu 8% en deux jours, mardi et mercredi.
Et au-delà des résultats, qui s'annonçaient mauvais dans une période où les Etats-Unis vacillent au bord de la récession, ce sont surtout les prévisions pour les mois à venir qui ont refroidi les investisseurs, avec la fin de l'année qui approche.
Ainsi, selon un recensement du site Briefing.com, sur les 90 sociétés qui ont accompagné leurs résultats trimestriels de prévisions entre lundi soir et mercredi matin, 42% étaient négatives et 22% mitigées, pour 30% de prévisions conformes aux attentes. Seules 6% ont présenté des perspectives positives.
La correction sévère subie par les valeurs technologiques mardi, sensibles à la conjoncture, est symptomatique de l'inquiétude des investisseurs.

La chute pour ces titres a été alimentée par les prévisions du fabricant de composants électroniques Texas Instruments, qui a prévenu d'un probable déclin de son activité et de son bénéfice au quatrième trimestre.
Les grands dirigeants restaient d'ailleurs prudents sur les perspectives à court terme de l'économie, tel le secrétaire au Trésor Henry Paulson mardi soir, après s'être rendu à Wall Street à la rencontre des opérateurs de marché.
"Clairement, nous allons avoir un certain nombre de mois difficiles devant nous en terme d'économie réelle", a-t-il concédé dans un entretien télévisé au "Charlie Rose Show", sur la chaîne télévisée PBS.
Pour faire face, certaines entreprises ont déjà annoncé d'importants programmes de réduction des coûts, notamment des coupes dans leurs effectifs.
Yahoo a annoncé la suppression de 10% de ses effectifs au cours du quatrième trimestre, ce qui devrait correspondre à plus de 1.300 postes, en parallèle d'autres économies mises en place dès le troisième trimestre.
Quant au groupe pharmaceutique Merck, il a annoncé une poursuite de son plan de restructuration devant aboutir à la suppression de 7.200 postes d'ici 2011.
Dans leur ensemble, "les résultats (trimestriels) d'entreprises (annoncées en ce moment) seront en baisse de 10% par rapport à l'année passée", a indiqué à l'AFP Al Goldman, de Wachovia Securities, pour qui la nouvelle est ancienne.
"Ce que le marché doit faire, c'est regarder les bilans à six mois, un an. Mais c'est un long processus", a-t-il estimé.