L'euphorie est définitivement retombée à Wall Street. Si l'effondrement du système financier américain a été évité, les craintes sur l'ampleur et la durée de la récession qui s'abat sur les économies occidentales montent en puissance sur les marchés. A ce titre, les statistiques du jour ne sont guère réjouissantes. Les ventes au détail sont au plus bas depuis plus de trois ans et l'indice de la Fed de New York, censé représenté l'activité manufacturière, a littéralement plongé. A 15h, les futures sur S&P 500 et nasdaq 100 perdent respectivement 27,25 et 23,50 points à 975 et 1342,50 points.
Hier à Wall Street
Les marchés actions américains ont fait l'objet de dégagements après leur hausse historique de lundi. Les valeurs technologiques ont été les plus touchées avant la publication après Bourse des résultats de l'un des baromètres du secteur, le numéro un mondial du secteur des semi-conducteurs, Intel. En revanche, les valeurs financières ont bénéficié de la prochaine injection par le Trésor de 250 milliards de dollars dans le capital des banques. L'indice Dow Jones a cédé 0,82% à 9310,99 points et le nasdaq composite 3,54% à 1779,01 points.
Les chiffres macroéconomiques
L'indice des prix à la production a reculé aux Etats-Unis de 0,4% au mois de septembre, conformément aux attentes des économistes. Hors alimentation et énergie, l'indice des prix à la production a progressé de 0,4%, contre une hausse de 0,2% attendu.
L'indice de la Fed de l'Etat de New York a chuté à -24,6 en octobre, après s'être établi à -7,4 au mois de septembre. Les économistes tablaient sur un recul moins brusque à -10.
Les ventes au détail aux Etats-Unis au mois de septembre ont chuté de 1,2%. Les économistes tablaient sur un recul de 0,7%. Il s'agit de la plus forte baisse de l'indice depuis le mois d'août 2005 (-1,4%). Hors automobiles, les ventes au détail ont accusé une baisse de 0,6%, contre une baisse de 0,3% anticipée par le consensus.
Les stocks des entreprises pour le mois d'août sont attendus à 16 heures, les statistiques pétrolières hebdomadaires à 16h30 et le livre beige de la Fed sur l'état de santé de l'économie américaine à 20 heures.
Les valeurs à suivre
COCA-COLA
Coca-Cola a enregistré un bénéfice net de 1,89 milliard de dollars ou 81 cents par action au troisième trimestre, contre 1,65 milliards ou 71 cents par action un an plus tôt. Hors éléments exceptionnels, le BPA du numéro un mondial des boissons non-alcoolisées a atteint 83 cents, alors que le consensus Reuters tablait sur 77 cents seulement. Les volumes ont baissé de 2% en Amérique du Nord et ont progressé de 7% dans le reste du monde. Hier, PepsiCo avait dévissé en bourse après avoir présenté des résultats inférieurs aux attentes sur la même période.
GENENTECH
Genentech, la filiale américaine de Roche, que ce dernier compte racheter entièrement, a publié des résultats trimestriels inférieurs aux attentes. Au troisième trimestre 2008, le laboratoire de biotechnologie a réalisé un bénéfice net en hausse de 44% à 863 millions de dollars, ou 0,81 dollar par action, inférieur au 0,88 dollar du consensus. Le groupe impute cette performance décevante au programme visant à garder ses employés qui a coûté 44 millions de dollars (3 cents par action) ainsi qu'à l'accord de collaboration conclu avec Glycart et Roche pour 105 millions (6 cents par action).
MORGAN STANLEY
Remue-ménage au capital de Credit Suisse. Ces derniers jours, ce sont près de 10% du capital de la banque helvétique qui ont changé de main, sur fond de dégringolade du titre. Les principaux acheteurs sont Morgan Stanley, qui a pris une participation de 6,87% dans l'établissement suisse, et l'israélien Koor Industries, qui a récupéré 3% des parts. La semaine dernière, Credit Suisse a vu sa valeur fondre de 30% en bourse.
INTEL
Intel a dévoilé des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, mais a également fait part des incertitudes concernant son activité pour le trimestre en cours. Au troisième trimestre, le numéro un mondial du secteur des semi-conducteurs a vu son bénéfice net progresser de 12% à 2 milliards de dollars et son bénéfice par action de 17% à 35 cents. Le consensus visait un bénéfice par action de 34 cents. Son chiffre d'affaires a atteint 10,2 milliards de dollars, en augmentation de 1%.
JP MORGAN
JP Morgan a publié aujourd'hui des résultats supérieurs aux attentes, malgré une baisse de 84% de son bénéfice trimestriel. Avec un bénéfice net de 527 millions de dollars, JP Morgan, qui a racheté le mois dernier les activités bancaires de la Washington Mutual, est loin des 3,4 milliards de dollars enregistrés un an auparavant. Et pourtant, le bénéfice par action de 11 cents dégagé par la banque rassure, alors que les analystes tablaient sur une perte de 18 cents en moyenne. Le chiffre d'affaires s'inscrit également en recul, à 14,7 milliards de dollars contre 16,1 milliards un an plus tôt.
WELLS FARGO
La banque américaine Wells Fargo a présenté aujourd'hui un bénéfice net trimestriel de 1,64 milliard de dollars ; un chiffre supérieur aux attentes des analystes. En effet, le bénéfice par action est ressorti à 49 cents, contre des prévisions de 43 cents en moyenne selon les analystes. Si ces résultats sont supérieurs aux attentes, ils accusent toutefois une chute de 24% par rapport au bénéfice dégagé l'année dernière sur la même période.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Indice de la Fed de l'Etat de New York (New York Empire State Index) : cet indicateur de faible importance pour les marchés est établi sur la base d'une enquête réalisée auprès d'une centaine de cadres dirigeants du secteur manufacturier de la région de New York. Ils sont interrogés sur leur situation actuelle et sur leurs perspectives à six mois.
Ventes au détail : Ces chiffres sont très suivis par les économistes car les ventes au détail constituent une part importante de la consommation des ménages. Aux Etats-Unis, elles représentent ainsi le tiers de la consommation qui est la principale composante du PIB. Ils permettent également de valider ou relativiser les indications de l'indice de confiance des ménages du Conference Board.
Outre Atlantique ce rapport est publié par le département américain du commerce qui donne une estimation du total des ventes au détail (y compris celles des produits alimentaires) réalisées sur un mois, d'après un échantillon de 5000 établissements détaillants.
Prix à la production : ils mesurent l'évolution des prix de gros, les services ne sont pas compris. Trois catégories sont distinguées : les biens bruts, les biens intermédiaires et les produits finis. Le marché s'intéresse à l'indice des produits finis. Comme pour les prix à la consommation, la primauté est accordée à l'indice prix à la production «core», c'est-à-dire hors énergie et alimentation, qui donne une meilleure idée des tensions sous-jacentes.
Il est théoriquement un précurseur de l'indice des prix à la consommation. La hausse ou la baisse des prix de gros devant un moment ou à un autre être transférée au consommateur. Toutefois, en fonction de la situation concurrentielle, cette liaison est loin d'être évidente.