
Un an jour pour jour après avoir atteint des niveaux records, la Bourse de New York a connu jeudi une séance cauchemardesque, la pire depuis le krach de 1987, alors que la crise financière persiste et se propage au reste de l'économie.
Le Dow Jones a plongé de 7,33% (soit -678,91 points), à 8.579,19 points. C'est sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 19 octobre 1987, quand il avait chuté en une seule séance de 22,61%.
Après avoir ouvert en nette hausse, puis hésité une grande partie de la séance sur la direction à prendre, les indices se sont effondrés pendant la dernière heure des échanges.
"C'est la panique totale, il n'y a pas d'autre mot", a commenté Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.
L'indice vedette de Wall Street aligne ainsi sept séances consécutives de baisse, représentant au total une chute de 21%. Il n'avait plus clôturé sous les 9.000 points depuis juin 2003.
Les 30 valeurs qui le composent ont fini dans le rouge.
Ce nouveau plongeon intervient précisément un an après le dernier record absolu atteint par le Dow Jones à 14,164,53 points. Il a perdu près de 40% de sa valeur depuis.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a cédé 5,47%, soit 95,21 points, à 1.645,12 points et l'indice élargi Standard & Poor's 500 7,62% (75,02 points), à 909,92 points.
Les valeurs financières, particulièrement sous pression après la fin de l'interdiction des ventes à découvert, ont été les premières victimes, notamment les trois banques entrant dans la composition du Dow Jones: Bank of America a chuté de 11,18%, Citigroup de 10,21% et JPMorgan Chase de 6,67%.
Autres chutes sepctaculaires: Morgan Stanley (-25,89%), Wachovia (-28,85%), Goldman Sachs (-10,31%) et Wells Fargo (-14,58%).
Cette nouvelle journée noire pour la finance américaine montre à quel point l'angoisse persiste, malgré la promulgation la semaine dernière du plan du secrétaire américain au Trésor Henry Paulson pour racheter les créances douteuses des banques.
C'est également un revers pour les banques centrales, la Fed américaine en tête, qui ne cessent d'injecter des liquidités dans le marché, et ont annoncé mercredi une spectaculaire baisse des taux concertée pour tenter d'enrayer la crise, en vain.
Signe de la persistance de la crise, le taux interbancaire à trois mois (Libor) --le taux auquel les banques se prêtent les unes aux autres-- "est grimpé à son plus haut niveau de l'année", a relevé Al Goldman, de Wachovia Securities. Sa fulgurante progression atteste du blocage total du marché du crédit, les banques préférant conserver pour elles leurs liquidités.
"On ne voit pas ce qu'il pourrait arriver d'autre que commencer à nationaliser les banques", a estimé M. Volokhine.
M. Paulson a indiqué qu'il était prêt à "renforcer la capitalisation d'institutions financières de toutes tailles", une OPTION confirmée par la Maison Blanche.
Mais le marché s'inquiète désormais de la propagation de la crise au reste de l'économie.
"Les valeurs de l'automobile et des entreprises dépendant du marché du crédit ont figuré parmi les plus gros perdants", a observé M. Goldman.
Après des commentaires pessimistes de l'agence de notation financière Standard and Poor's, le constructeur automobile General Motors a vu son titre chuter de 31,11% à 4,76 dollars et son concurrent Ford a perdu 21,80% à 2,08 dollars.
"On se rend compte que l'Etat va devoir continuer à sauver tout ce qu'il peut mais on ne peut pas tout sauver", a observé l'analyste de Meeschaert.
Même le groupe informatique IBM, qui avait soutenu la tendance dans la journée après l'annonce de résultats trimestriels un peu supérieurs aux attentes, a finalement perdu 1,71% à 89,00 dollars.
Les valeurs énergétiques et minières ont été entraînées par la chute des cours du pétrole, qui perdaient plus de quatre dollars le baril lors des échanges électroniques jeudi soir à New YorK.
Le pétrolier ExxonMobil, première capitalisation du Dow Jones, a perdu 11,69% à 68,00 dollars.