Contexte. Le prix du baril de pétrole est affecté par la crise financière actuelle et la débâcle des établissements financiers américains. Un possible ralentissement économique mondial et la baisse consécutive de la demande de matières premières ont entraîné les cours à la baisse. Le prix du baril se rapproche donc des 90 dollars (contre un record de 140 dollars mi-juin). Ce mouvement baissier n'a pas été freiné par la nouvelle attaque contre une installation de Shell au Nigeria, par les dégâts causés par l'ouragan Ike aux infrastructures pétrolières, ni par les incertitudes sur la situation politique en Géorgie et en Iran. L'envolée des cours du pétrole depuis le début de l'année explique les excellents résultats des principales compagnies pétrolières durant le deuxième trimestre. Le profit de Royal Dutch Shell a bondi de 33% à 11,5 milliards de dollars (7,32 milliards d'euros) et son chiffre d'affaires de 55% à 131 milliards de dollars. L'activité d'ExxonMobil s'est accrue de 40% (à 138 milliards de dollars) pour un bénéfice en hausse de 14% (à 11,68 milliards de dollars). Mêmes tendances pour British Petroleum (BP), dont le chiffre d'affaires augmente de 49% (à 110 milliards de dollars) et le bénéfice net de 28% (à 9,4 milliards de dollars). Les performances du français Total n'échappent pas à ce mouvement. Sur le premier semestre son chiffre d'affaires progresse de 21% à 92,4 milliards d'euros pour un résultat en hausse de 29%, à 8,33 milliards d'euros. Néanmoins si le résultat opérationnel des activités en « amont » (notamment l'exploration et la production de gaz et de pétrole) progresse, celui des activités en aval (raffineries et stations-service) recule de 39% du fait d'une moindre consommation de carburant.
Perspectives et enjeux. D'après l'AIE (Agence Internationale de l'Energie), la demande mondiale de pétrole ne devrait progresser que de 1% en 2009. Cette augmentation représente un ralentissement après la hausse de 1,1% en 2008 et de plus de 2,5% entre 2003 et 2004. Cette évolution résulterait essentiellement d'une demande réduite en provenance des Etats-Unis. L'offre bénéficiera, elle, de l'apport des 350000 barils par jour des pays de l'Opep. Sur une période à moyen-long terme, l'AIE prédit que les tensions pétrolières devraient s'intensifier à partir de 2010. Si les nouvelles capacités de production devraient soutenir l'offre, la croissance de la demande de produits pétroliers devrait s'accélérer.
Pour comprendre. Les compagnies pétrolières sont limitées dans leurs investissements par le regain de nationalisme pétrolier (notamment en Russie, au Venezuela, et en Iran). Après avoir investi 258 milliards de dollars dans des projets pétroliers au cours des trois dernières années, les groupes trouvent aujourd'hui moins de pétrole qu'ils n'en extraient. En 2007, aucun d'entre eux n'a réussi à renouveler la totalité de ses réserves et la situation devrait se prolonger en 2008.