La Bourse de Paris a fini en forte baisse lundi, le CAC 40 cédant 2,34% dans un marché indécis sur la tendance à suivre après une semaine folle, où l'intervention des autorités américaines l'a fait passer de la panique à l'euphorie.
L'indice vedette a perdu 101,36 points à 4.223,51 points, dans un volume d'échanges modéré de 5,9 milliards d'euros, après s'être enfoncé dans le rouge en toute fin de séance. Il avait terminé vendredi sur un bond de 9,27%, soit sa plus forte progression journalière en vingt ans d'existence.
Londres a abandonné 1,41%, Francfort 1,32% et l'Eurostoxx 50 1,97%.
"Le marché souffle après les événements gigantesques de la semaine dernière. Tout le monde a besoin de digérer le plan Paulson et de savoir comment le Congrès américain va l'accueillir", a expliqué à l'AFP un vendeur d'actions parisien.
Dans l'intervalle, la place parisienne se prépare à une "semaine d'attente, peut-être de baisse", avant de connaître les détails de ces mesures destinées à débarrasser les banques de leurs actifs douteux, essentiellement liés à la bulle immobilière américaine.
Autre motif de prudence, relevé par les stratégistes de BNP Paribas, "le cantonnement des actifs toxiques ne signifie en aucune façon la fin des pertes, pas plus que celle des effets défavorables sur l'économie réelle", dont l'ampleur reste à mesurer.
"Les marchés ont fait la fête, mais la +gueule de bois+ va durer un moment", résume dans une note Paul Niven, responsable de la stratégie d'investissement chez F&C Asset Management, estimant que "l'euphorie actuelle ne doit pas être confondue avec la fin de la crise".
Au-delà du soulagement perceptible "à court terme" sur le secteur financier, "nous allons subir pendant plusieurs années les conséquences du +credit crunch+", c'est-à-dire du durcissement brutal des conditions de crédit, prédit M. Niven.
Par ailleurs, souligne le Crédit Mutuel-CIC, le retour de la hausse sur les marchés "nécessitera une attitude plus accommodante de la part de la Banque d'Angleterre et de la Banque centrale européenne", alors que cette dernière semble toujours peu disposée à baisser ses taux.
Les valeurs financières, victimes des hésitations des investisseurs, ont monté avant de basculer dans le rouge en fin de séance: Crédit Agricole a cédé 3,40% à 13,91 euros, Société Générale 3,58% à 64,60 euros, BNP Paribas 2,94% à 66 euros, même si Dexia a grappillé 0,51% à 10,56 euros.
Vallourec (+1,63% à 175,99 euros) a profité du net renchérissement du pétrole, qui a en revanche tiré vers le bas EADS (-6,33% à 13,46 euros), Peugeot (-5,06% à 30 euros), Renault (-1,56% à 50,30 euros) et Air France-KLM (-2,76% à 16,04 euros).
ArcelorMittal (+2,85% à 42,54 euros) a signé la plus forte hausse des valeurs vedettes, aidé par le rebond des matières premières "et par le discours optimiste" du géant sud-coréen de l'acier Posco sur les perspectives du secteur, selon le vendeur d'actions interrogé par l'AFP.
Sanofi-Aventis (-3,99% à 45,66 euros) a reculé après le relèvement de son offre sur le laboratoire tchèque Zentiva, bien que plusieurs analystes aient jugé que cette opération demeurait favorable au groupe français en renforçant sa présence sur les marchés émergents.
EDF (-0,67% à 50,49) a succombé au retournement du marché après avoir indiqué qu'il entendait poursuivre son développement dans le secteur nucléaire aux Etats-Unis, et alors que son rachat de British Energy pourrait intervenir dans la semaine.
Suez Environnement (-4,53% à 18,12 euros) n'a guère fêté son entrée ce lundi au CAC 40, où il rejoint parmi les valeurs vedettes son rival Veolia (-1,31% à 30,49 euros). Les analystes de Raymond James jugent toutefois que le groupe dispose d'un "potentiel énorme" de croissance.