La Bourse de Paris a terminé en forte baisse mardi, le CAC 40 abandonnant 2,61%, dans un marché plombé par un nouvel accès de faiblesse des valeurs financières et des statistiques américaines décevantes.
L'indice vedette a lâché 116,05 points à 4.332,79 points, dans un volume d'échanges toujours restreint, de 4,170 milliards d'euros.
Londres a reculé de 2,38%, Francfort de 2,34% et l'Eurostoxx 50 de 2,49%.
Affaiblie par des données d'inflation et d'immobilier jugées inquiétantes, Wall Street s'est installé dans le rouge dès l'ouverture et a enfoncé davantage les marchés européens.
La place parisienne a en particulier souffert de nouvelles craintes sur les banques américaines et les organismes de refinancement hypothécaire, mais aussi de chiffres d'inflation "plus mauvais que prévu", a expliqué à l'AFP Jean-Philippe Muge, conseiller de gestion chez SwissLife Gestion Privée.
Toutefois, "les volumes d'échanges restent extrêmement faibles, ce qui accentue les variations, pour peu qu'il y ait de mauvais indicateurs", a-t-il noté.
Or, le secteur immobilier américain est encore loin d'une reprise, puisque les mises en chantier de logements ont reculé de 11% en juillet à 965.000, leur niveau le plus faible depuis mars 1991. Ce chiffre est toutefois légèrement supérieur aux attentes.
Quant à l'inflation, elle s'est accélérée davantage que prévu aux Etats-Unis, avec une progression de 1,2% des prix à la production et de 0,7% pour l'indice de base (hors alimentation et énergie).
"La fournée d'indicateurs américains d'aujourd'hui possède un fort parfum de stagflation", a commenté Dimitry Fleming, de la banque ING.
La remontée du baromètre de confiance allemand ZEW, léger réconfort pour la première économie de la zone euro, n'a pas suffi à faire remonter la pente aux Bourses.
Le secteur financier est demeuré le point faible de la place parisienne. Après l'éventualité d'une recapitalisation publique des organismes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac évoquée par l'hebdomadaire Barron's, cela a été au tour du Wall Street Journal d'attiser les craintes, en affirmant que Lehman Brothers est en discussions pour céder une division de ses activités banque d'investissement pour compenser ses pertes.
BNP Paribas (-3,97% à 58,09 euros), Crédit Agricole (-5,24% à 13,39 euros), Dexia (-5,32% à 8,72 euros), Société Générale (-4,19% à 61,71 euros) et Axa (-6,03% à 20,325 euros), plus forte chute du CAC 40, ont souffert des nouvelles alertes sur le secteur financier.
Saint Gobain (-5,71% à 40,78 euros) a également plongé, alors que le groupe autrichien de matériaux de construction Wienerberger, numéro un mondial de la brique, a annoncé mardi une baisse de 30% de son bénéfice net au premier semestre à 98,6 millions d'euros, avec un recul de son activité aux Etats-Unis et en Europe occidentale.
ADP (-4,06% à 56,91 euros) a enregistré une légère baisse de son trafic (-0,5%) en juillet, avec 8,5 millions de passagers.
Lafarge (-3,02% à 80,63 euros) a souffert, après avoir conclu un accord avec le gouvernement vénézuélien qui lui versera 267 millions de dollars pour acquérir 89% de sa filiale locale. Le suisse Holcim a aussi passé un accord avec Caracas, mais le mexicain Cemex sera exproprié.
Rhodia (-2,85% à 12,96 euros) a reculé, alors que son concurrent, le suisse Ciba, vient d'annoncer une perte nette de 569 millions de francs suisses (352,8 millions d'euros) au premier semestre.
Natixis a perdu -4,96% à 5,94 euros. Un fonds spéculatif américain, Greenlight Capital, a écrit au directeur général de Natixis, Dominique Ferrero, pour lui faire part de son opposition à l'augmentation de capital de la banque, qu'il juge contraire à l'intérêt de ses actionnaires.
EDF (+2,02% à 56,95 euros) est la seule valeur du CAC 40 à avoir progressé sur la séance.