En remontant ses taux d'un quart de point, à 4,25% ses taux, la BCE n'a pas surpris les marchés. Le discours ferme adopté par son président Jean-Claude Trichet non plus. Décidé à l'unanimité, le tour de vis monétaire a pour but de contenir l'inflation sous le seuil de 2%, l'objectif de la banque centrale fixée par les accords de Maastricht, il y a 16 ans. Accusé par certains économistes et quelques gouvernements européens, français et allemand en tête, de sacrifier la croissance sous l'autel du monétarisme, Jean-Claude Trichet s'est montré pédagogue.
Selon lui, la hausse des prix des matières premières, du prix du pétrole et des produits alimentaires menacent clairement la stabilité des prix, à court mais aussi à moyen terme. Fort de ce constat, "la décision a été prise à la fois pour empêcher des effets de second tour et pour contrer les risques haussiers à la stabilité des prix sur le moyen terme".
Répondant aux critiques sur les risques que fait peser sa doctrine sur l'économie, l'ancien gouverneur de la Banque de la France a tenté d'apaiser les critiques. La BCE n'a pas d'orientation dans sa politique, a-t-il assuré. "Je n'ai pas de biais. Et nous ne sommes jamais préengagés dans nos décisions à moyen terme". D'ailleurs, "les informations disponibles restent globalement en ligne avec nos anticipations de la poursuite d'une croissance modérée".
Sans nul doute, Jean-Claude Trichet a ce soir gagné son pari : affirmer définitivement l'indépendance de la BCE tout en conservant la confiance des marchés. Ce soir, les Places européennes ont mis fin à deux séances consécutives de baisse marquée. Alors, Jean-Claude Trichet, "despote éclairé" de la politique monétaire ?
(P-J.L)