Société Générale a dégradé sa recommandation sur Air France-KLM de Conserver à Vendre avec un objectif de cours de 4,90 euros. « Malgré le soulagement des marchés après les discussions récentes de l'Union européenne, les signaux envoyés par le secteur du transport aérien suggèrent que les nuages s'amoncellent », écrit l'analyste. « Le fret aérien, qui constitue généralement un indicateur avancé, affiche une croissance négative à l'échelle mondiale depuis mai », explique-t-il, ajoutant que la croissance du trafic premium ralentit.
Les enquêtes d'octobre sur la confiance des entreprises du secteur réalisées par l'Iata signalent par ailleurs une détérioration des perspectives. Il reconnaît qu'une récession pourrait être évitée, mais estime que tant qu'il existera une crainte réaliste que 2012 puisse être l'acte 2 d'un double creux, les investisseurs approcheront le secteur comme si ce scénario se réalisait.
« Il est prudent de modéliser des conditions de récession en termes de trafic et de recettes unitaires avec le cours actuel du pétrole et de supposer un retour aux multiples de bas de cycle », écrit Société Générale. Selon lui, ce scénario se traduirait pour les transporteurs aériens par des pertes plus importantes qu'en 2009 en raison du niveau plus élevé des prix pétroliers.
« A en juger par la récession de 2009 et ses difficultés ultérieures à renouer avec les bénéfices, Air France-KLM risque d'afficher les plus lourdes pertes dans une récession », anticipe Société Générale.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Air France-KLM est leader sur les vols long-courriers ;
- Son modèle de double hub intercontinental lui permet de proposer une offre de correspondance sans équivalent en combinant Roissy-Charles de Gaulle et Amsterdam ;
- La compagnie aérienne bénéficie d'une forte réactivité aux évolutions économiques et géopolitiques, grâce au contrôle des coûts et à l'ajustement des capacités ;
- L'appartenance à l'alliance Skyteam et sa flotte rajeunie constituent également des atouts majeurs ;
- La compagnie aérienne est offensive face à la concurrence des low costs et du TGV et restructure son offre commerciale ;
- Air France bénéficie d'une des plus fortes expositions du secteur aux pays émergents avec près de 40% de son chiffre d'affaires passager. Le groupe tisse sa toile en développant des partenariats régionaux.
Les points faibles de la valeur
- Les compagnies à faible coût comme EasyJet ou Ryanair ravivent la concurrence sur les trajets court-courriers alors que le prix du billet est devenu le premier critère du passager ;
- Air France-KLM affronte la concurrence des Compagnies aériennes des Etats du Golfe dont la stratégie repose sur un modèle « de croissance à tout va » et qui bénéficient d'aides étatiques massives ;
- Air France-KLM doit également affronter la concurrence du TGV ;
- La hausse des prix du fuel est susceptible de peser sur les résultats du groupe ;
- Le trafic cargo est la principale source de pertes. L'équilibre n'est pas attendu avant l'exercice 2011/2012.
Comment suivre la valeur
- Air France-KLM est considérée comme une valeur de retournement (c'est-à-dire en voie de redressement) ;
- Le groupe est sensible au niveau du trafic aérien, et donc à la conjoncture, aux flux touristiques, à la confiance des voyageurs, aux intempéries, et au climat général (troubles géopolitiques, guerres, craintes d'attentats, épidémies) ;
- Gros consommateur de carburant, Air France-KLM est aussi sensible à l'évolution des cours du pétrole, bien que sa politique de couverture en atténue l'impact ;
- Les mesures de protection des marges (adaptabilité de la flotte, réduction des coûts) et parallèlement, le coefficient de remplissage des avions, indicateur clé, sont à suivre ;
- Air France-KLM est un acteur de poids dans le mouvement de consolidation du secteur aérien.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Face aux incertitudes liées à l'avenir du trafic aérien dans un contexte de crise, les restructurations et réductions de coûts sont à l'ordre du jour pour les compagnies aériennes européennes. Air France-KLM, qui doit non seulement affronter un ENVIRONNEMENT difficile, mais aussi une dette élevée (près de 6 MdEUR) et une concurrence des compagnies «low cost» sur le moyen-courrier et des compagnies du Golfe sur le long-courrier, devrait prendre des mesures drastiques d'économies. Le gel des embauches, décidé en 2008, doit déjà être maintenu. Il s'agirait d'accroître encore les réductions de coûts prévues par l'actuel plan Challenge 2012, qui visait à économiser 470 MEUR en 2011. Quant à Lufthansa, elle cherche à céder sa filiale britannique déficitaire BMI. Un durcissement du plan d'économies a déjà été annoncé. Son nouveau patron, Christoph Franz, a entamé une révision stratégique en réorientant les efforts en direction de la clientèle de loisirs au détriment de la clientèle d'affaires.