(AOF / Funds) - "La zone euro est en crise depuis presque deux ans. La dégradation de la situation, au niveau budgétaire a été continue. Plus grave, il y a maintenant un déplacement de l'épicentre du séisme vers les banques, qui vont vraisemblablement être recapitalisées. La BCE est déjà intervenue, en utilisant à peu près tout ce qu'il pouvait utiliser pour aider les banques à se refinancer (réactivation des LTRO 6 et 12 mois, maintien durable des conditions des prises en pension, augmentation de la gamme des collatéraux, relance du programme d'achats de covered bonds dans le primaire et le secondaire."
"Elle aurait pu faire mieux encore, en baissant le taux du repo, puisque de plus en plus de banques font appel à la liquidité BCE. On peut en effet s'étonner du maintien du taux repo à 1,50%, puisque la BCE constate une dégradation de la situation conjoncturelle, que les risques inflationnistes sont équilibrés, et bien s-r que la situation des banques est (euphémisme) préoccupante."
"Elle pourrait aussi donner des signaux forts via le SMP, l'origine de tous les problèmes est quand même la situation budgétaire des pays de l'UEM, et l'illiquidité de certains marchés obligataires souverains de la zone. Si elle avait par exemple acheté chaque semaine des montants très significatifs de BTP et de Bonos, cela aurait sans doute calmé sensiblement les investisseurs."
Mais en refusant de se mettre agressivement en face du marché, elle ne fait qu'entretenir le stress. Pire, pour se déleverager, les banques pourraient choisir l'OPTION de vendre certains de leurs actifs, ce qui aurait des conséquences désastreuses sur le prix de ces actifs et, bien s-r, sur l'économie (en réduisant la capacité des banques capacité à prêter)."
"Mais revenons à ce qui constitue l'origine du problème, à savoir la situation budgétaire des pays périphériques. Pour l'instant, la seule thérapie proposée est celle de la rigueur. Les programmes d'aide à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal sont conditionnés à la mise en place de plans d'austérité extrêmement sévères. Le programme d'aide de la BCE à l'Italie (SMP) a été réactivé parce que l'Italie a présenté de nouvelles mesures de rigueur."
"On demande donc aux pays périphériques de faire des efforts exceptionnels, à un moment où leur situation domestique est déjà extrêmement dégradée et où l'ENVIRONNEMENT global est de moins en moins porteur (où il est de moins en moins possible de compter sur la demande extérieure pour combler l'effondrement de la demande intérieure). Les pays dont la situation budgétaire est la plus dégradée, qui sont donc, compte tenu des mécanismes actuels, obligés de faire les plus gros efforts en matière de rigueur budgétaire, sont aussi ceux qui enregistrent les croissances les plus faibles."
"Les pays affichant les plus gros déficits ont aussi les taux réels les plus élevés. Ces situations ne sont guère tenables. La solution miracle reste celle de la mutualisation du risque souverain, par
la création d'une dette européenne. Il y a douze ans, on créait une monnaie unique. Il faut maintenant passer à l'étape suivante, qui consiste à créer une dette unique (la commission travaille sur la faisabilité d'un tel marché)."