Goldman Sachs a abaissé son objectif de cours sur BNP Paribas de 68 à 58 euros avec une recommandation inchangée à l'Achat. Le broker remarque que les rebondissements récents dans la crise de la dette souveraine, et leurs conséquences sur les marchés de financement, notamment en dollars américains, ont augmenté la perception des risques sur les banques françaises.
Selon lui, les craintes de dilution potentielle pourraient ne pas se matérialiser in fine, mais les tourments que traversent les marchés ont des conséquences bien réelles sur les banques françaises.
Toutefois, il estime que BNP Paribas est mieux placé que ses concurrents français. Sa supériorité en termes de financements et sa plus grande résistance en cas de dégradation du crédit lui confèrent un meilleur ratio risque/rendement, écrit Goldman Sachs. Selon lui, les risques de dilution sont très limités. Les niveaux de valorisation actuels semblent donc attractifs selon lui.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas est devenue une véritable banque européenne depuis le rachat de Fortis et la première banque de dépôt du continent. Avec deux marchés domestiques en plus, le groupe a 540 milliards d'euros de dépôts, soit la base la plus importante de la zone euro. Il devient aussi numéro 1 en banque privée et numéro 4 en gestion d'actifs pour la zone euro ;
- Ce leadership lui permet de bénéficier d'une situation de liquidité favorable et d'être peu dépendant du marché interbancaire ;
- BNP Paribas fait partie des groupes bancaires de taille mondiale qui ont le mieux traversé la crise ;
- Le modèle économique de BNP Paribas repose sur un juste équilibre entre banque de détail, banque d'investissement et gestion d'actifs ;
- Anticipant le nouveau cadre réglementaire « Bâle III », le groupe a pris soin d'augmenter ses fonds propres, afin d'éviter notamment une augmentation de capital ;
- Le groupe redistribue environ un tiers de ses résultats en dividende.
Les points faibles de la valeur
- Bien que sortie renforcée de la crise, par comparaison aux autres acteurs du secteur, le titre de la banque est très volatil en Bourse à l'image de l'ensemble du secteur financier depuis 2008 ;
- Les inquiétudes sur le secteur sont persistantes. Même si les règles annoncées par le Comité « Bâle III » mi-septembre 2010 ont soulagé, avec des ratios prudentiels dans le bas de la fourchette des attentes, les marchés s'interrogent sur la validité des « stress tests » (tests de résistance) menés en Europe. Certains estiment qu'ils minimisent le risque pris par certaines institutions ;
- Les inquiétudes sur la dette souveraine des Etats périphériques de la zone euro, Grèce en tête, pèsent également sur la valeur ;
-La banque ne souhaite pas modifier son « mix business » en faveur des pays émergents.
=/Comment suivre la valeur/=
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur ;
- En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui auront un impact sur les performances de la banque de détail ;
- Le coût du risque reste à surveiller ;
- Surveiller également la mise en place du dispositif «de Bâle III» qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
La réduction de la taille de leur bilan est à l'ordre du jour pour les banques françaises, qui souhaitent rassurer les marchés financiers. BNP Paribas a annoncé une réduction de 10% de la taille de son bilan d'ici à la fin 2012, et sa volonté de limiter sa dépendance aux refinancements en dollars. Cette décision implique la cession d'environ 70 milliards d'actifs d'ici à la fin de l'année prochaine. Quant à la Société Générale, elle désire intensifier les cessions dans son portefeuille d'actifs toxiques, déjà réduit de 8 MdEUR depuis début 2011. D'ici à fin 2012, la banque espère parvenir à une économie supplémentaire de 60 MdUSD de financement. Le modèle des banques françaises, historiquement basé sur le financement, évolue donc avec la crise financière. BNP Paribas et la Société Générale souhaitent toutes deux réduire certains types de crédits en dollars, comme les crédits export, trop coûteux en fonds propres et en liquidités, et qui s'inscrivent dans leur activité BFI (banque de financement et d'investissement).