Surveillée comme le lait sur le feu en ces temps de crise, la dette publique de la France a dépassé dès le deuxième trimestre la projection annuelle du gouvernement faisant craindre un dérapage même si le ministère du Budget parle d'un effet "mécanique" et maintient sa prévision.
Selon l'Insee, la dette cumulée de l'Etat, des collectivités locales et de la sécurité sociale représentait déjà à la fin du deuxième trimestre 86,2% du produit intérieur brut (PIB). Or, deux jours plus tôt, le gouvernement annonçait tabler sur un ratio dette/PIB de 85,5% à la fin de l'année, inférieur donc de 0,7 point.
Pas de quoi s'alarmer, assure cependant le ministère du Budget qui affirme que le chiffre du deuxième trimestre "est lié à un phénomène technique déjà observé l'an dernier et qui ne remet aucunement en cause le niveau de la dette prévu pour l'ensemble de l'année 2011".
Dans le détail, l'Agence France Trésor qui gère la dette de la France a réalisé davantage d'émissions de bons et d'obligations en début d'année ce qui conduira "mécaniquement le ratio de la dette à décroître au second semestre", fait valoir le ministère. Disposant d'une trésorie plus abondante, l'agence rembourserait davantage de créances.
L'Institut national de la statistique précise que la dette publique s'est accrue de 46,4 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre par rapport à la fin mars pour s'établir à 1.692,7 milliards, une progression de 1,7 point.
Selon le projet de budget 2012 présenté mercredi, la dette publique qui s'était établie à 82,3% du PIB en 2010, devrait s'élever cette année à 85,5% du PIB pour culminer en 2012 à 87,4%. Elle amorcerait son reflux en 2013, à 87,3% pour revenir d'ici à 2015, à 84,1%.
"Il pourrait y avoir un recul de la dette lors des deux prochains trimestres" et le "fait que l'on soit à 86,2% aujourd'hui ne permet aucunement de dire que l'on sera au-delà de 85,5% à la fin de l'année", confirme Ronan Mahieu, responsable du département des comptes nationaux à l'Insee. Ce cas de figure avait déjà été observé l'an dernier, constate-t-il.
Pour autant, il ne s'agit selon lui ni d'une "certitude" ni d'une "saisonnalité bien établie".
Au deuxième trimestre, le mauvais élève de la classe est l'Etat, dont la dette a grimpé de 52,6 milliards d'euros. A l'inverse, les "organismes divers d?administration centrale", les administrations publiques locales et de sécurité sociale se sont désendettés.
La dette des administrations centrales a ainsi reculé de 1,2 milliard d'euros, celle des administrations locales, de 2,7 milliards, et celle de la sécurité sociale de 2,3 milliards.
"Tant que les déficits publics seront supérieurs à 2% du PIB, la dette continuera de progresser ce qui n'empêche pas les variations de court terme", observe pour sa part l'économiste Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès. Lui-même ne s'attend pas à un dérapage des comptes publics cette année, grâce aux bons résultats de la sécurité sociale au premier semestre.
L'objectif des 2% de PIB de déficit ne sera toutefois pas atteint avant 2014, selon le gouvernement, qui table encore sur 5,7% cette année.