La Bourse de New York, dépassée par l'accélération de la crise en Europe, va s'en remettre la semaine prochaine aux pouvoirs publics des deux côtés de l'Atlantique pour éviter de s'enfoncer dans la déprime.
"Il y a un sentiment de fatigue de la crise qui est très intense sur les marchés, on frôle la capitulation", soupire Evariste Lefeuvre, économiste chez Natixis.
Sur la semaine écoulée, réduite à quatre séances par un jour férié lundi aux Etats-Unis, le Dow Jones, indice des 30 valeurs vedettes de Wall Street, a perdu 2,21%, terminant vendredi à 10.992,13 points.
La Nasdaq, à dominante technologique, a abandonné 0,50% à 2.467,99 points et l'indice élargi Standard & Poor's 500 1,68% à 1.154,23 points.
Résumé de cette nouvelle semaine difficile: "peu d'indicateurs, mais surtout des inquiétudes continues au sujet de la zone euro et des incertitudes sur la capacité des autorités américaines à éviter la récession. Cela fait beaucoup", constate M. Lefeuvre.
Les places boursières européennes ont connu deux journées noires, lundi et vendredi, avec un effondrement des valeurs bancaires de la région.
Les investisseurs s'inquiètent des désaccords entre les pays européens dans la mise en oeuvre du nouveau plan d'aide à la Grèce, qui a reconnu qu'elle ne parviendrait pas à atteindre ses objectifs de réduction de son déficit.
En fin de semaine, les prévisions pessimistes de croissance de la Banque centrale européenne (BCE) et la démission surprise du chef économiste de l'institution, Jürgen Stark, ont accentué le malaise face à la santé de la région.
Les investisseurs sont en outre partis en week-end vendredi angoissés par la menace de nouveaux attentats aux Etats-Unis pendant le week-end, en plein dixième anniversaire du 11 septembre 2001.
"Actuellement, le marché est dirigé par l'émotion", prévient Michael James, de Wedbush Securities.
"Tant que l'incertitude demeure en Europe par rapport à l'économie et la crise de la dette, l'incertitude va persister aux Etats-Unis", poursuit-il.
Sur les quatre séances de la semaine, seule la journée de mercredi a été conclue par une hausse. Ce rebond (+2,47% pour le Dow Jones) a été stimulé par les espoirs entourant deux événements jeudi, selon Michael James: l'intervention du président américain Barack Obama devant le Congrès sur l'emploi, et un discours du président de la banque centrale des Etats-Unis, Ben Bernanke.
Mais "ces attentes n'étaient pas réalistes", ajoute l'analyste.
Le plan pour l'emploi, qui totalise pourtant 447 milliards de dollars, a été accueilli avec scepticisme, autant sur les mesures proposés que sur la capacité de la Maison Blanche à le faire adopter par le Congrès, vu l'opposition républicaine.
Quant à M. Bernanke, il n'a donné aucune des indications espérées sur les mesures que pourrait adopter la Fed pour soutenir la croissance.
"En ce moment, c'est la politique économique qui importe: la politique en zone euro, et aux Etats-Unis, l'adoption ou les attaques contre le plan présenté par Obama", estime Evariste Lefeuvre.
"Il y a le G7 qui nous attend (pendant le week-end, ndlr), mais la semaine prochaine on va surtout attendre les signes avant-coureurs" de nouvelles mesures, avant la décision monétaire de la Fed, le 21 septembre, ajoute-t-il.
Sur le front des indicateurs américains, la semaine à venir sera marquée par les chiffres de l'inflation, avec les indices des prix à l'importation (mardi), à la production (mercredi) et à la consommation (jeudi).
Les investissuers suivront aussi les chiffres des ventes de détail (mercredi) et de production industrielle (jeudi) pour août. Plusieurs indices portant sur septembre donneront une première tendance: activité dans les régions de New York et de Philadelphie (est) jeudi, confiance du consommateur (vendredi).