
Le déficit commercial de la France qui, au pire, atteignait les 5 milliards d'euros les mauvais mois, a changé de dimension depuis un semestre, s'établissant désormais régulièrement au-delà des 6 milliards d'euros, comme l'illustrent les chiffres de juillet, publiés jeudi.
Talon d'Achille de l'économie française, le déséquilibre des échanges de marchandises est bien parti pour afficher un nouveau et peu enviable record sur l'ensemble de l'année 2011. Ce trou d'air pèsera inévitablement sur la croissance, qui s'annonce anémique au second semestre.
Pour Marc Touati (Assya Compagnie Financière), "cette nouvelle dégradation du commerce extérieur qui s'ajoute à une consommation et un investissement fragiles pourrait provoquer une légère baisse du PIB au troisième trimestre".
Selon les Douanes, le déficit commercial s'est établi à 6,46 milliards d'euros en juillet, en données corrigées des variations saisonnières, plombé par un rebond des importations. Il avait culminé à 6,91 milliards d'euros en avril, record historique.
Sur les douze derniers mois, le déficit s'établit à 67,21 milliards d'euros contre "seulement" 51,66 milliards pour l'année 2010.
Cette contre-performance tranche avec le solde positif insolent affiché par le commerce extérieur allemand qui, même décevant et en net repli en juillet à 10,4 milliards d'euros (en données brutes), est durablement ancré dans le vert.
Devant l'université d'été du Medef, le 31 août, le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, avait reconnu que le déficit commercial de la France avec la Chine était devenu son "cauchemar quotidien".
"Les Français ont compris qu'on avait un problème de dette, mais ils n'ont pas encore compris qu'on avait un problème de déficit commercial", or les "deux sont liés", a-t-il souligné.
Pour Pierre Lellouche, les chiffres calamiteux de ces derniers mois traduisent à la fois un "problème de compétitivité de la maison France", la "surdépendance" des entreprises françaises à l'égard du marché européen et la prédominance des grands groupes par rapport aux PME.
Le lendemain, le chef du gouvernement François Fillon exhortait les ambassadeurs à soutenir davantage encore les exportations françaises, qualifiant leurs performances de "médiocres". Elles ne représentent plus "que 40% de celles de l'Allemagne" contre 55% en 1999, a-t-il observé.
En juillet, les exportations se sont élevées à 34,76 milliards d?euros, progressant "très lentement" selon les Douanes, tandis que les importations "bondissaient" à 41,22 milliards d'euros.
Dans le détail, ce rebond a porté tout particulièrement sur les matériels de transports et tout particulièrement les approvisionnements aéronautiques, les produits pétroliers raffinés et les produits informatiques et électroniques.
A l'inverse, les exportations ont pâti "d'importants replis" dans l'aéronautique (Airbus), les produits pétroliers raffinés et la pharmacie. Ces replis n'ont guère été compensés par le "dynamisme" d'autres secteurs, comme les biens intermédiaires, le matériel électrique, les équipements industriels, les boissons et les pièces détachées d'automobiles.
Les exportations ont fléchi vers l'Union européenne (Pologne, Allemagne, Belgique et Grèce, notamment) et se sont tassées en direction de l'Asie et du Proche et du Moyen-Orient, en raison notamment de moindres livraisons aéronautiques. Elles ont été plus dynamiques vers l'Amérique, l'Afrique et l'Europe, hors UE, ont noté les Douanes.