La Bourse de New York a fini en forte baisse vendredi, avant un week-end prolongé, la piteuse santé du marché de l'emploi américain relançant les craintes de récession: le Dow Jones a perdu 2,20% et le Nasdaq 2,58%.
Selon les chiffres définitifs, le Dow Jones Industrial Average a lâché 253,31 points à 11.240,26 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 65,71 points à 2.480,33 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a abandonné 2,53% (30,45 points) à 1.173,97 points.
La place new-yorkaise sera fermée lundi, jour de la fête du Travail aux Etats-Unis.
"Le fait qu'il n'y ait eu aucune création d'emploi le mois dernier a effrayé le marché", a constaté Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital.
"Je pense que cela s'explique surtout par les incertitudes psychologiques qui affectent le marché de l'emploi", a-t-il tempéré. "C'est vendredi, c'est un long week-end, le marché baisse dans un volume d'échanges relativement faible", a-t-il ajouté.
Les chiffres publiés vendredi matin sont ressortis au-delà des prévisions les plus pessimistes: les destructions d'emplois ont exactement compensé les créations de postes du mois. Les analystes tablaient sur un solde des embauches positif, de 70.000.
Pour les analystes d'UniCredit, "ce mauvais chiffre (...) renforce clairement l'idée que les Etats-Unis sont déjà entrés, ou sont sur le point d'entrer, en récession".
A 9,1%, le taux de chômage est apparu stable et conforme à la prévision des analystes.
"L'ambiance était déjà négative et les chiffres de l'emploi ont balayé tout espoir de voir le marché rebondir", a expliqué Michael James, de Wedbush Securities.
"Le marché dépend de l'économie, et avec des chiffres de l'emploi si mauvais, il sera difficile d'attendre plus que des rebonds de court terme", a-t-il poursuivi.
Les 30 actions du Dow Jones ont terminé dans le rouge.
Les valeurs financières ont dégringolé alors que selon le New York Times, les autorités fédérales américaines envisagent des poursuites judiciaires contre une douzaine de banques pour leur rôle dans les crédits immobiliers à risque ("subprime").
Les banques JPMorgan Chase (-4,60% à 34,63 dollars), Goldman Sachs (-4,55% à 107,06 dollars) et Bank of America (-8,34% à 7,25 dollars) sont citées par le quotidien.
Le secteur bancaire a aussi pâti également de nouvelles inquiétudes concernant la dette de la Grèce, où le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a reconnu que l'objectif de déficit public pour 2011 serait révisé "automatiquement" à la hausse du fait de l'aggravation de la récession.
Netflix a plongé de 8,64% à 213,11 dollars. Le groupe américain de chaînes payantes Starz, qui distribue notamment en ligne les films produits par Sony et Disney (-2,76% à 32,46 dollars), a annoncé qu'il ne renouvellerait pas l'accord qui le lie au loueur de vidéos.
Le marché obligataire s'est envolé, profitant des inquiétudes des investisseurs. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 1,996% contre 2,146% jeudi soir, et celui du bon à 30 ans à 3,311% contre 3,513% la veille.
Les investisseurs se sont aussi reportés sur l'or, autre actif refuge, ce qui a profité par exemple au groupe minier Newmont (+3,20% à 64,47 dollars)
Le groupe de prêt-à-porter Liz Claiborne s'est envolé de 9,09% à 5,52 dollars. Il va céder le contrôle de sa marque Mexx au fonds d'investissement The Gores Group pour 85 millions de dollars.