Le chômage est resté stable en août en Allemagne à son niveau le plus bas depuis 20 ans, mais le rythme des créations d'emploi connaît un fléchissement qui risque de s'accentuer avec le ralentissement de la croissance économique.
Le taux de chômage brut d'août s'est établi à 7%, au même niveau qu'en juillet, a annoncé mercredi l'Agence pour l'emploi, un chiffre conforme aux attentes des analystes.
Le nombre de chômeurs a grimpé sur un mois de 5.000 pour s'établir à 2,945 millions. Mais en données corrigées des variations saisonnières, celles qui intéressent en premier lieu les économistes, le nombre de chômeurs a reculé de 8.000.
"Malgré la plus faible dynamique de croissance de l'économie allemande, la situation du marché du travail s'est une nouvelle fois améliorée", commente l'Agence pour l'emploi dans un communiqué, avant cependant de tempérer son propos en soulignant que le recul du chômage se fait lui aussi à un rythme "nettement" affaibli.
La croissance allemande a brutalement ralenti au deuxième trimestre, avec une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,1%.
Pour Carsten Brzeski, économiste chez ING, "le marché du travail allemand reste fort mais il serait naïf de penser qu'il est complètement immunisé contre la crise de la dette et le ralentissement économique".
"Il y a déjà de premiers signes qui montrent qu'il a été rattrapé par la normalisation générale de l'économie. Les programmes de recrutement ont ainsi été revus à la baisse depuis mars, annonçant une fin de la chute du taux de chômage d'ici la fin de l'année", poursuit-il.
Catherine Stephan, de BNP Paribas, note que le "rythme des créations d?emplois, publié avec un mois de décalage, a nettement ralenti par rapport aux mois précédents". En juillet, il était en hausse de 19.000 sur un mois contre 46.000 en juin.
"Le ralentissement de la croissance de l?activité continuera vraisemblablement de peser sur ces créations", ajoute-t-elle tout en estimant que "le taux de chômage va continuer de reculer compte tenu du niveau élevé du taux d?emploi".
Les analystes de Commerzbank notent par ailleurs qu'"alors qu'au cours des quatre premiers mois de l'année, le nombre de chômeurs a décru de 37.000 par mois en moyenne, depuis mai le recul n'est plus que de 8.000 en moyenne".
Mais ils estiment eux que ce coup de frein "n'est pas attribuable au ralentissement actuel de l'économie, le marché du travail suivant l'économie avec un délai de quelques mois". Et identifient deux causes possibles: "l'Agence pour l'emploi a réduit l'échelle de ses mesures" et "il est plus difficile de trouver des emplois pour les chômeurs qu'au début de la reprise sur le marché du travail il y a deux ans".
Cette question préoccupe le gouvernement. La ministre du Travail, Ursula von der Leyen, tout en se félicitant des derniers chiffres, a souligné que désormais "la qualification des gens devient de plus en plus le facteur clé". "Nous devons concentrer toutes NOS forces sur la formation continue", a-t-elle ajouté dans un communiqué.