La Bourse de New York a limité ses pertes après une semaine complètement folle, en attendant de recevoir plus d'informations sur la santé de l'économie américaine et d'espérer plus de stabilité du côté de l'Europe, en proie à une crise persistante sur la dette.
"Ca a été la semaine la plus animée depuis la crise financière" de 2008, constate, un peu épuisé, Nicholas Colas, de ConvergEx Group.
Et pour cause: le Dow Jones a enregistré sur les quatre premières séances des évolutions de plus de 400 points, une série inédite dans sa longue histoire. Et, chaque fois, opérant une volte-face par rapport au jour d'avant.
Au final, le vénérable indice a limité la casse, lâchant 1,53% pour finir à 11.269,02 points.
Il avait entamé la semaine vacillant de plus de 5,5% après le coup de tonnerre lancé par l'agence Standard and Poor's qui avait, pour la première fois de l'histoire, fait perdre aux Etats-Unis son "triple A".
Le Nasdaq, à dominante technologique, a reculé de 0,97% à 2.507,98 points et l'indice élargi Standard and Poor's 500 de 1,71% à 1.178,81 points.
"Ce qui est important, c'est qu'on termine la semaine sans gros écart. On ne peut pas construire une base pour le marché avec une volatilité énorme. Des écarts de 300-400 points, c'est très mauvais pour les nerfs des courtiers, des investisseurs, et pour la confiance dans les marchés", souligne Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets.
Le marché a signé deux séances de hausse d'affilée pour finir la semaine, une performance inédite depuis plus d'une semaine.
Outre le rebond des places boursières européennes, des indicateurs américains plus solides qu'attendu ont soutenu le redressement des indices. "La probabilité d'une récession a diminué", relèvent les analystes de Wells Fargo Securities.
Rendez-vous régulier, les chiffres hebdomadaires sur les demandes d'allocation chômage n'en ont pas moins aidé le marché jeudi, en s'affichant à moins de 400.000 nouveaux dépôts. La réitération d'un tel décompte la semaine prochaine rassurerait encore plus les investisseurs, prévient Nicholas Colas.
L'indice de volatilité, le Vix, surnommé "indice de la peur", s'est maintenu à des niveaux élevés. L'enquête de l'université du Michigan sur le moral des consommateurs américains réalisée en plein tumulte des marchés et publiée vendredi a montré une confiance au plus bas depuis 1980.
Abaissement de la note américaine ou crise de la dette en Europe, les deux problèmes "sont connus depuis des mois", rappelle Nicholas Colas. "Ce que l'on a appris cette semaine, c'est qu'anticiper un événement ne revient pas à le décompter dans les prix, et le marché est en train de se débattre avec ça".
Les investisseurs garderont les yeux tournés vers l'Europe la semaine prochaine, avec mardi la rencontre entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel sur la gouvernance de la zone euro. L'annonce de cette réunion a été l'impulsion au rebond des places boursières jeudi.
Aux Etats-Unis, de nouveaux indicateurs permettront de prendre le pouls de l'économie, même si la plupart portent sur l'inflation et l'immobilier.
Gregori Volokhine surveillera principalement les chiffres de la production industrielle mardi.
"Ce sont des chiffres pour juillet, donc récents, on attend une hausse de 0,5% ce qui est relativement convenable. Mais s'il y a déception, ce serait une indication que les deux derniers trimestres de faible croissance se prolongent", explique l'analyste.
Le Dow Jones a abandonné environ 7% depuis le début du mois. "Il est facile d'argumenter que les actions sont devenues bon marché (...) mais les investisseurs ont vraiment été choqués par le niveau de volatilité", rapporte Nicholas Colas, rappelant un diction boursier: "le marché prend les escaliers pour monter et l'ascenseur pour descendre".