Les deux Bourses de Moscou plongeaient mardi en début d'après-midi, tandis que le rouble continuait de dévisser, victimes de l'aversion au risque dans un contexte de forte nervosité des investisseurs en raison des dettes américaines et européennes et de craintes de récession.
Vers 10H00 GMT, le Micex reculait de 4,21% à 1.436,60 points après avoir perdu un temps près de 8%. Le RTS lui chutait de 7,27% à 1.537,27 points, dans la foulée des autres places financières européennes.
Concernant le rouble, le "panier" de devises qui sert de référence à la Banque centrale (composé à 45% d'euros et 55% de dollars) s'échangeait à 35,69 roubles, en hausse de 1,24 rouble par rapport à la clôture de lundi.
La devise russe étendait ainsi ses pertes après deux semaines de recul. Depuis le 27 juillet, elle a perdu 14% de sa valeur face à ce panier, une baisse attribuée par les analystes à un recul des prix du pétrole et aux craintes d'une nouvelle récession mondiale.
Or l'économie de la Russie, l'un des plus gros exportateurs d'hydrocarbures au monde, est extrêmement dépendante des prix du brut et de ses évolutions.
Le rouble s'échangeait mardi vers 10H00 GMT à 29,6 roubles pour un dollar, en hausse de près de 1 rouble, et à 42,1 roubles pour un euro (+1,27 rouble).
La devise russe a "pâti de la ruée vers les valeurs refuge provoquée par la décision de Standard and Poor's de dégrader la note des Etats-Unis pour la première fois dans l'histoire", commente VTB Capital, soulignant que le rouble avait subi l'une des plus lourdes chutes parmi les monnaies des pays émergents.
Les craintes d'une répétition de la crise financière mondiale font surgir en Russie le spectre d'une nouvelle dévaluation après celle massive de 2008-2009 qui avait durement entamé les économies de la population.
A l'époque la Banque centrale russe avait effectué plusieurs interventions pour sauver la monnaie russe, en puisant dans des réserves accumulées pendant des années grâce aux ventes d'hydrocarbures.
Depuis, le pays est sorti de la crise et les autorités russes répètent à l'envi vouloir attirer les investisseurs étrangers pour participer à sa modernisation.
Mais la défiance actuelle des investisseurs vis-à-vis du rouble prouve que la Russie a encore du chemin à faire pour convaincre sur sa solidité, souligne l'expert Evgueni Gontmakher dans un article publié sur le site en ligne Ejednevny Journal.
"Quand une crise se déclare, la Russie n'est plus une île de stabilité pour personne", écrit-il, soulignant qu'un affaiblissement du rouble mènerait à une hausse de l'inflation dans le pays, qui à son tour aurait un impact négatif sur son climat d'investissement déjà médiocre.