
Obnubilée par la crise des dettes souveraines et le ralentissement de la croissance économique mondiale, la Bourse de Paris a été traversée ces cinq derniers jours par un vent de panique qui risque de souffler encore la semaine prochaine.
Le CAC 40 a reculé sur la semaine de 10,73% et clôturé vendredi à 3.278,56 points, son plus bas niveau depuis juillet 2009, signant dix séances consécutives de baisse, du jamais vu depuis la création de l?indice en 1987.
La situation se résume en trois mots, selon François Duhen du Crédit Mutuel CIC: "Panique à bord!". Rien n'a pu rassurer les investisseurs.
Le texte adopté mercredi par le Congrès américain afin d'éviter un défaut de paiement des Etats-Unis au moins jusqu'en 2013 s'est révélé largement insuffisant aux yeux des experts.
"Un plan crédible pour les agences de notation aurait été de prévoir au minimum 4.000 milliards de dollars de réduction des dépenses publiques sur 10 ans, or l'accord parle de 2.500 milliards maximum", souligne Christian Parisot, économiste pour le courtier Aurel.
Une situation des plus délicates d'autant que la majorité des indicateurs publiés cette semaine outre-Atlantique, sur le front de la consommation des ménages ou de l'activité dans l'industrie manufacturière et les services, vont dans le sens d'un ralentissement de la première économie mondiale.
Seul le chômage a baissé en juillet aux Etats-Unis grâce à une nette amélioration des embauches dans le secteur privé, mais cette bonne surprise n'a apaisé les marchés qu'une poignée de minutes vendredi.
Les craintes d'une contagion de la crise grecque à l'Italie et à l'Espagne, qui représentent à elles deux 30% du PIB européen, affolent les investisseurs.
Les taux auxquels ces deux pays empruntent sur le marché obligataire ont franchi des records depuis la création de la zone euro.
"Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a mis aussi de l'huile sur le feu" dans son discours de jeudi, estime Alexandre Baradez chez Saxo Banque.
Selon lui, "il aurait fallu envoyer un signe très clair en rachetant des titres de dette italiens et espagnols, or la BCE a concentré ses rachats sur l'Irlande et le Portugal, ce qui n'était pas la priorité", Dublin et Lisbonne étant couverts par un plan de sauvetage.
L'institut de Francfort est aussi dans "une contradiction incroyable: alors que la croissance mondiale ralentit, elle (la BCE) continue à axer son discours sur l'inflation", déplore l'analyste.
Très peu d'éléments, susceptibles de redresser la tendance, sont attendus la semaine prochaine.
Seule la réunion de la Réserve fédérale américaine, mardi, sera particulièrement suivie, certains intervenants souhaitant la mise en place d'un troisième programme d'assouplissement monétaire pour soutenir l'économie.
"Il faudra sans doute attendre la fin août pour chercher des moteurs à un rebond des indices boursiers, qu'ils viennent de la microéconomie ou, mais c'est encore peu probable pour l'instant, de la macroéconomie", commente Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets France.
L'urgence imposée par la réaction des marchés ne devrait toutefois pas permettre aux dirigeants européens d'attendre la rentrée pour agir.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi s'est entretenu ce vendredi au téléphone avec son homologue espagnol José Luis Zapatero et le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, mais aucune précision n'a été donnée sur la teneur de ces entretiens.