L'agence de notation Standard and Poor's a annoncé mercredi qu'elle abaissait de deux crans, à CC contre CCC auparavant, la note de la dette de la Grèce, en raison du risque de défaut de paiement du pays.
Standard and Poor's a assorti cette note d'une "perspective négative", signifiant ainsi qu'elle envisage une nouvelle dégradation dans les mois à venir.
Dans un communiqué, l'agence estime que le nouveau plan d'aide à la Grèce de près de 160 milliards d'euros, sur lequel les dirigeants européens se sont entendus le 21 juillet, "équivaut à un défaut partiel" de paiement et se traduira "probablement par des pertes pour les créanciers privés".
Le classement de la Grèce en défaut de paiement, signifiant que le pays n'est pas en mesure de rembourser sa dette, devrait intervenir "à l'annonce de la mise en oeuvre de la restructuration" de celle-ci, que SP attend "au plus tôt" courant septembre.
Le nouveau plan de sauvetage implique une contribution des créanciers privés qui vient modifier les termes initiaux de leurs prêts. Cette participation se fera via un échange de titres arrivant à échéance jusqu'à 2020 contre le rachat de nouvelles obligations à trente ans.
Les créanciers privés ont plusieurs options: soit ils refinancent la Grèce avec des titres de maturité plus longue, soit ils maintiennent leur engagement en reprenant des titres de même maturité, ou encore ils échangent leurs titres contre d'autres, à 15 ou 30 ans, en acceptant une décote.
"Selon nous, l'échange ou le maintien des engagements ne sont pas favorables aux investisseurs", a expliqué Standard and Poor's dans son communiqué.
Cet accord implique des banques et fonds de pension membres de l'Institut de la Finance internationale (IIF), qui ont accepté la semaine dernière de contribuer à hauteur de 54 milliards d'euros sur trois ans, et 135 milliards d'euros sur dix ans.
Selon l'IIF, cette procédure devrait entraîner une perte de 21% pour les prêteurs privés, l'une des mesures prises à Bruxelles pour alléger l'énorme dette de la Grèce qui s'élève actuellement à quelque 350 milliards d'euros, plus de 150% du PIB.
La dégradation de la note grecque par Standard and Poor's relègue la dette d'Athènes à deux crans du défaut, selon les critères de l'agence.
Sa décision intervient alors que l'agence de notation Moody's a déjà dégradé lundi de trois crans la note de la dette à long terme du pays - ce qui le place désormais à un cran du défaut de paiement-, estimant qu'il ne sera pas en mesure de rembourser intégralement ses créanciers privés.
Au lendemain du sommet de Bruxelles, l'agence de notation franco-américaine Fitch Ratings avait de son côté annoncé son intention de placer en défaut partiel la dette de la Grèce.
"La Grèce devrait continuer à supporter une dette très élevée, juste sous 130% de son produit intérieur brut (PIB) à la fin 2011", a estimé mercredi Standard and Poor's, s'inquiétant de perspectives de croissance "incertaines".