Bank of America-Merrill Lynch a réitéré sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 50 euros sur Lafarge après l'annonce d'un projet de cession de ses activités Plâtre en Europe et en Amérique du Sud à Etex pour une valeur d'entreprise de 1 milliard d'euros. Le bureau d'études estime lui que Lafarge a obtenu un bon prix. Le broker anticipait une valeur d'entreprise de 800 à 1 milliard d'euros pour la totalité de l'activité, dont l'Amérique du Nord. Or cette région n'est pas comprise dans le projet annoncé aujourd'hui.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Lafarge est le leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre ;
- Le groupe bénéficie d'une bonne diversification géographique. Les pays émergents représentent plus de 50% du chiffre d'affaires ;
- Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor ;
- Le groupe prend les mesures nécessaires pour redresser sa situation financière après l'explosion de la dette suite au rachat d'Orascom ;
- La réduction de la structure des coûts va conférer un effet de levier sur les résultats du groupe lors de la reprise de l'activité.
Les points faibles de la valeur
- Le secteur de la construction reste à la peine en Bourse. Après avoir affiché la plus forte baisse au sein du CAC 40 en 2010, Lafarge était toujours dans le rouge au premier semestre 2011 ;
- Le poids de la dette reste une préoccupation majeure ;
- Le groupe réduit le montant de son dividende pour alléger son endettement ;
- Le scénario de reprise lente dans les pays matures (47% du CA) rend la matérialisation du levier opérationnel difficile avant 2012-2013 ;
- Les plans d'austérité en Europe pourraient se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures ;
- Le groupe poursuit la réduction de ses investissements de capacité alors que ses concurrents les ont repris. Cela risque d'hypothéquer le potentiel de gain de parts de marché du groupe à moyen terme, notamment dans les zones en forte croissance ;
- L'exposition du groupe au Moyen-Orient le rend sensible à la montée du risque géopolitique dans la région depuis début 2011.
Comment suivre la valeur
- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique, ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. Mais également des conditions climatiques ;
- Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment ;
- Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis ;
- Les cessions d'actifs sont à suivre. Face à la reprise modeste dans les pays matures, Lafarge va probablement rationnaliser son dispositif cimentier devenu surdimensionné en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis ;
- Le groupe souhaite accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables ;
- La structure actionnariale du groupe est particulière avec la juxtaposition de deux actionnaires de référence (Groupe Bruxelles Lambert et NNS) et non impliqués par une action de concert. Même s'ils sont des actionnaires de long terme, leurs objectifs peuvent parfois diverger compte tenu des cultures spécifiques de l'un et de l'autre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Moody's a modifié les perspectives du secteur des matériaux de construction en Europe, en les portant de «négatives» à «stables». Cela souligne que les conditions de crédit du secteur ne devraient ni s'améliorer ni se détériorer dans les douze à dix-huit mois qui viennent. La demande semble s'être stabilisée à un faible niveau au quatrième trimestre 2010 et la reprise de la construction résidentielle devrait autoriser une hausse graduelle des volumes en 2011. Néanmoins, un biais négatif est toujours associé à cette perspective stable car des zones de fragilité demeurent au sein de certains pays de la zone euro, comme l'Espagne, l'Irlande et la Grèce. La reprise économique y est lente et la dette toujours élevée. L'agence considère donc que la demande restera sous pression dans ces zones de marché. Sur le segment du ciment, après un recul de 3% de la consommation française en volume en 2010, le Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) prévoit une reprise molle cette année : elle ne devrait pas dépasser les 2%.