(AOF / Funds) - "Après des flux d'investissements élevés entre décembre et mars, les investisseurs ont ensuite fait preuve d'une prudence accrue vis-à-vis du marché des matières premières. Selon les chiffres du CFTC Index Investment, les flux mensuels de capitaux sont passés d'une moyenne de 4,6 milliards de dollars entre décembre et mars à tout juste la moitié en avril et mai. D'après les flux entrants et sortants sur les fonds matières premières génériques, nous ne serions pas surpris que les statistiques du CFTC pour juin révèlent d'importants désinvestissements", note Natixis.
"Au niveau des différents segments du marché et des matières premières spécifiques, la situation a par moments inspiré davantage encore de prudence. Depuis le début de l'année, les fonds énergétiques ont enregistré cinq mois sur six des flux négatifs."
"Les produits agricoles, de même que les métaux de base, ont bénéficié de flux d'investissements élevés au début de l'année, mais ont subi des retraits au second trimestre. L'étain et le cuivre, stars de l'année 2010, ont subi d'importants désinvestissements, de même que le sucre, le café et le cacao. Les métaux précieux ont également enregistré des retraits, les volumes d'argent et de palladium détenus par les fonds ETF physiquement adossés ayant chuté de 11% et 13% respectivement par rapport à leurs plus haut du début de l'année. La chute des stocks d'or et de platine est moins prononcée, avec une baisse respective de 3% et 5% seulement."
"Sur les marchés à terme, les positions longues non commerciales nettes ont diminué. Sur les marchés des matières premières, les positions longues sont à leur plus bas depuis août dernier, avec de fortes baisses sur le brut léger et le cuivre. Sur les produits agricoles, les positions longues nettes ont reculé sur le maîs et le soja, et sont passées en territoire négatif sur le blé. Jusqu'à présent, le retrait des investisseurs a été bien avisé, compte tenu de la chute des rendements enregistrée depuis la fin avril."
"La question qui se pose est de savoir si les investisseurs devraient envisager de revenir sur le marché dans l'anticipation d'une hausse au cours des derniers mois de l'année. Notre réponse est un oui sélectif. Les politiques anti-inflationnistes des pays en développement se sont traduites par un affaiblissement de la demande mondiale de nombreuses matières premières, mais alors que le pic de l'inflation des matières premières en GA est progressivement dépassé, la baisse des taux d'inflation devrait donner plus de champ à la croissance, particulièrement si le resserrement monétaire devait marquer un arrêt ou se relâcher."
"S'agissant des cours de l'énergie, la récente décision de l'AIE pourrait limiter la hausse à court terme (particulièrement si la mesure décidée était réitérée au cours des prochains mois), mais à plus long terme, la tentative des pays consommateurs de limiter la hausse des cours a pour unique résultat d'illustrer l'aggravation des tensions sur le marché. Les réserves saoudiennes ne sont plus suffisantes pour détendre le marché (particulièrement à court terme), les tensions entre les producteurs et les consommateurs ont été exacerbées, et en protégeant les consommateurs du G3 d'une hausse des cours du brut, l'AIE fait en sorte que le prochain pic de demande soit plus fort qu'il ne l'aurait été autrement."
"Sur le marché des métaux de base, nous anticipons que la récente phase de déstockage, qui s'est traduite par la baisse de la demande chinoise d'importation de nombreux métaux, sera suivie d'une phase de restockage alors que les importations chinoises augmentent en prévision d'une hausse de la demande d'ici la fin de l'année."
"Pour les produits agricoles, les perspectives sont un peu plus contrastées, sachant que des configurations météorologiques plus conformes aux normes saisonnières permettent en définitive une hausse de la production mondiale, mettant fin à la baisse dangereuse du ratio stocks de fin de saison sur consommation totale."
"Pour certains produits agricoles, les prix pourraient baisser dans une certaine mesure avant de connaitre une nouvelle hausse. Mais, comme les prix du sucre l'ont déjà démontré, ces corrections pourraient être bien plus brèves qu'au cours des précédents cycles agricoles. Les métaux précieux, tels que le palladium, dont la demande industrielle pourrait être forte, pourraient évoluer de manière similaire."
"Inévitablement, l'or et l'argent sont plus difficiles à recommander. A court terme, les risques liés à un éventuel défaut de la Grèce persistent, tandis que les Etats-Unis pourraient se mêler à la fête alors qu'on approche de la date limite du 2 août avant laquelle un accord doit être trouvé sur le relèvement du plafond de la dette américaine. Mais les cours de l'or et de l'argent pourraient ne pas profiter d'un rebond économique tiré par les pays en développement, s'il s'accompagne d'une hausse des taux d'intérêts et des marchés actions."