
La consommation des ménages français a de nouveau flanché en mai et devrait peser sur la croissance du deuxième trimestre, mais ce trou d'air pourrait n'être que passager, estiment des économistes.
Les dépenses de consommation des Français en produits manufacturés ont chuté pour le troisième mois consécutif, de 0,8%, notamment en raison d'une baisse des achats alimentaires et de vêtements, a annoncé jeudi l'Institut national de la statistique.
Dans le détail, après une forte baisse en avril (-6,4%), les dépenses en biens durables ont diminué légèrement en mai (-0,6%). "Cela s?explique par un recul des achats d?automobiles moins prononcé qu?en avril (-1,8% en mai, après -10,3%)", a indiqué l'Insee. Les achats en équipement du logement ont également reculé de nouveau (-0,4%, après -1,9% en avril).
Surtout en mai, les achats de textile-cuir ont chuté (-4,4%), après un mois d?avril en hausse (+1,6%).
De même, la consommation en produits alimentaires est en baisse (-1,7% après +1,4% en avril).

"Après avoir tenu à bout de bras la consommation pendant la crise et plus globalement depuis une douzaine d?années, la consommation des ménages a définitivement lâché prise", lance Marc Touati, d'Assya Compagnie Financière.
En avril, les dépenses de consommation avaient déjà reculé de 1,4% et en mars, de 0,9%.
"Sur le deuxième trimestre, on devrait avoir un très mauvais chiffre", en déduit Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis.
Dans ses dernières prévisions, l'Insee s'attendait à ce que la consommation, encore soutenue au premier trimestre par un "effet de traîne" de la prime à la casse, lié aux délais de livraisons des véhicules commandés fin 2010, se replie nettement au deuxième trimestre, par "contrecoup".
Ce recul pèserait sur la croissance: après une forte hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,9% au premier trimestre, l'Insee prévoit une croissance de seulement 0,2% au deuxième.
"On pourrait même avoir un chiffre négatif", prévient Jean-Christophe Caffet.
Traditionnel moteur de la croissance française, la consommation devrait rebondir au second semestre, selon l'Insee, à un rythme toutefois un peu inférieur à celui d'avant la crise.
"Sur l'automobile, on a certainement touché le fond", avance Michel Martinez, de la Société Générale. "Le rythme de progression des revenus des ménages reste correct, les perspectives de hausse de leur pouvoir d'achat ne sont pas exceptionnelles mais devraient un peu s'améliorer", poursuit-il.
"L'inflation devrait atteindre un pic en septembre avant de refluer", ce qui pourrait doper un peu le pouvoir d'achat des ménages, donc la consommation, note de son côté Mathilde Lemoine, économiste chez HSBC.
Face au niveau toujours élevé du chômage, les ménages devraient maintenir un volant important d'épargne de précaution, a toutefois prévenu l'Insee.