(AOF / Funds) - "La nouvelle baisse de la notation de la dette souveraine grecque de trois crans, à CCC, confirme que, s'agissant de la crise budgétaire en zone euro, le bout du tunnel est loin d'être en vue. A court terme, une décision doit être prise pour la dette grecque. Les options vont d'une restructuration pure et simple (haircut) au roll-over des papiers arrivant à maturité dans les prochaines années. Il n'y a pas, pour l'instant, consensus sur la méthode à utiliser", note René Defossez de Natixis.
"Des haircuts pourraient avoir des effets dévastateurs sur le système bancaire grec en particulier. Des effets de contagion ne seraient pas à exclure. Le roll-over est une façon d'acheter du temps, mais pas de répondre aux problèmes de fond de la Grèce (son manque de compétitivité, son incapacité à stabiliser le ratio dette/PIB qui est pourtant déjà très élevé)."
"Un des intérêts dans le fait d'acheter du temps est, bien s-r, de protéger la Grèce du marché, de transférer une partie du risque sur les autres pays européens, qui deviennent, via les bailouts, les créanciers d'Athènes. Il y a donc via ce mécanisme une forme de mutualisation du risque souverain grec, mais il n'est évidemment pas supposé être pérenne : la Grèce est priée, via des privatisations, des baisses supplémentaires de dépenses et davantage d'efficacité dans la levée de l'impôt à remettre de l'ordre dans ses finances publiques, à terme de se refinancer dans le marché et de rembourser ses partenaires européens."
"Parallèlement, elle est invitée à faire de la dévaluation interne pour atteindre un niveau de compétitivité comparable à celui observé dans les pays du coeur (comprimer pendant plusieurs années ses coûts unitaires du travail). La nouvelle baisse de la note grecque confirme, en attendant, une tendance déjà longue à la divergence des notes des dettes européennes, divergence qui tend à s'accélérer."
"Cette divergence est le reflet des divergences réelles. Plus elle est importante, moins il semble possible de trouver une solution à la crise avec les instruments utilisés actuellement. Au reste, aucun bailout n'a conduit à une contraction durable des spreads contre Bund. Le rendement du Bund était temporairement passé sous 3%, après ce nouveau choc sur la dette grecque. Il est aujourd'hui repassé au dessus de ce niveau, sans doute sur l'anticipation d'une mutualisation du risque souverain grec."