La Bourse de Paris pénalisée par l'essoufflement de la reprise économique aux Etats-Unis devrait aborder la semaine, riche en statistiques, avec grande prudence alors que la cacophonie sur le dossier grec n'en finit pas de perturber les investisseurs.
Durant la semaine écoulée, le CAC 40 a cédé 2,20% et terminé vendredi à 3.805,09 points.
"Les transactions ont été peu nombreuses au cours des dernières séances, ce qui illustre la réticence qui prédomine actuellement dans les salles de marché", remarque Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
"Aucun élément n'a en effet remis en question les craintes d'un essoufflement plus fort que prévu de l'économie des Etats-Unis au deuxième trimestre", commente Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel.
Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, a d'ailleurs confirmé mardi ce ralentissement. Il a jugé la reprise "désespérément lente", sans toutefois annoncer de nouvelles mesures de soutien alors que le programme d'assouplissement monétaire que la Fed a mis en place se termine fin juin.
"Une mauvaise nouvelle pour ceux qui espéraient plus de liquidités pour immuniser les indices boursiers contre la morosité économique ambiante", souligne M. Mourier.
La salve de statistiques attendues outre-Atlantique la semaine prochaine pourrait conforter les investisseurs dans leur pessimisme.
La production industrielle en mai, publiée mercredi, devrait ainsi continuer à souffrir de l'impact de la catastrophe japonaise qui affecte les secteurs de l'automobile et des technologies, font valoir plusieurs experts.
Les prix à la production, les ventes de détail, l'inflation, les mises en chantier de logements en mai, ainsi que l'activité dans les régions de New York et de Philadelphie seront autant d'indices pour mesurer la sévérité du ralentissement économique américain.
Le dossier grec devrait rester au coeur des préoccupations alors que les divergences au sein même des instances européennes sont loin d'être effacées.
Berlin veut faire participer les créanciers privés, banques et fonds d'investissement, au nouveau plan de sauvetage de la Grèce par le biais d'un échange des titres en circulation contre des obligations d'une maturité allongée de sept ans.
Une éventualité à laquelle la Banque centrale européenne s'est de nouveau refusée jeudi par crainte qu'elle ne soit interprétée par les marchés comme "un défaut" d'Athènes et que la panique ne les gagne concernant d'autres pays en difficulté de la zone euro, aux premiers rangs desquels l'Espagne et le Portugal.
"Aucune avancée sur la question de la Grèce ne devrait être annoncée la semaine prochaine laissant la porte ouverte à de nouvelles spéculations", estime M. Murail, estimant que le marché aura pour cette raison bien du mal à sortir de l'étau des 3.800 à 4.000 points dans lequel il évolue depuis plusieurs semaines.
Selon lui, les investisseurs devraient alléger leur portefeuille en valeurs cycliques, à l'instar de Peugeot, de Renault ou de Lafarge, trop dépendantes de la conjoncture pour se renforcer dans des valeurs plus défensives comme France Telecom, Sanofi ou GDF Suez.